© D'après une image Shutterstock retravaillée par Copilot - Portrait de Rienzi

Rienzi

Rienzi, le troisième opéra de Wagner, fut autrefois son plus grand triomphe. La représentation lors du Festival de Bayreuth en 2026 offre une occasion unique de redécouvrir ce premier succès là où il n’a jamais résonné auparavant.

Monumental, Politique, Dramatique

L’histoire d’un tribun romain Rienzi mêle ascension et déclin, tragédie intime et vision politique. La partition originale, offerte à Adolf Hitler en 1939 pour son cinquantième anniversaire, a vraisemblablement été perdue dans les bombardements de Berlin. Depuis lors, les représentations de l’ouvrage se fondent sur un recoupement de sources diverses (matériels d’orchestre) et, depuis la fin des années 1970, sur le travail musicologique de Reinhard Strohm et Egon Voss, publié dans l’édition monumentale des œuvres de Wagner dirigée par Carl Dahlhaus. Cette œuvre, rarement jouée, possède une place unique, reliant le Grand Opéra à la française au drame musical, avec une puissance orchestrale et une profondeur émotionnelle inégalées.

 

Genèse

Rienzi – le dernier des tribuns, le troisième opéra achevé de Wagner, s’inspire du roman historique Rienzi, le dernier des tribuns romains d’Edward Bulwer-Lytton. Contrairement au roman, Wagner enrichit habilement l’intrigue avec une histoire d’amour entre la sœur de Rienzi, Irène, et le noble Adriano. Wagner, même des années plus tard, reconnaissait l’importance cruciale de cette romance pour un opéra ancré dans une trame historique et politique : « C’est encore un vestige de la tragédie française, où il devait toujours y avoir un amour ; […] mon Rienzi manquait de cet amour pour les Français ; et pourtant j’avais aussi ce vestige-là. »

Rienzi s’inscrit extérieurement dans la tradition du Grand opéra à la française, le genre le plus exigeant du théâtre musical européen – mais seulement en apparence. En choisissant un sujet historique, Wagner a tenté de répondre aux attentes de ce genre, en adoptant une structure en cinq actes. Le vaste matériel lui a offert de nombreuses scènes populaires, qu’il a utilisées pour des processions de masse et des effets acoustiques spatiaux. Rienzi fut le premier grand succès de Wagner, marquant son avènement en tant que compositeur d’opéra avec sa première représentation le 20 octobre 1842 au Théâtre Royal de la Cour à Dresde

Synopsis

L’action se passe à Rome au milieu du XIVe siècle.
La ville est déchirée par les conflits entre familles patriciennes, en particulier les Orsini et les Colonna, factions rivales représentées par leurs chefs respectifs Paolo Orsini et Steffano Colonna.

Acte I
Rome, une rue qui donne sur la basilique de Saint-Jean de Latran.
Une nuit, les partisans de la famille Orsini sous la direction de Paolo essaient d’enlever la belle Irène. Cette dernière est la sœur de Cola Rienzi, notaire du pape. Les assaillants sont interrompus dans leur tentative par le fils de Colonna, Adriano, et ses partisans des Colonna. S’ensuit une violente bataille à laquelle le peuple finit par être mêlé. Le cardinal Raimondo, légat du pape d’Avignon, tente en vain d’appeler les belligérants à la raison. L’intervention d’Adriano Colonna, amoureux d’Irène, la sauve de ses ravisseurs, mais seule l’arrivée de Rienzi parvient à ramener l’ordre. Raimondo et les patriciens s’étonnent du charisme de ce dernier. Fatigué par les luttes intestines entre les factions de la noblesse, le peuple demande à Rienzi de prendre le pouvoir et de rétablir la paix et de faire revenir le Saint-Siège. Rienzi refuse la couronne royale qui lui est offerte et prend le titre de « protecteur des droits », de tribun du peuple.

Acte II
Au Capitole.
Rienzi a vaincu les nobles et rétablit la paix. Si les nobles ont reconnu les nouvelles lois, l’orgueil du tribun leur inspire l’idée d’un complot. Au cours d’une grande cérémonie, à l’occasion de laquelle il reçoit les messagers de paix venus de toute l’Italie, d’Allemagne et de Bohême, il conteste les modalités de l’élection de l’empereur par les princes allemands et soulève ainsi l’enthousiasme du peuple de Rome. L’assemblée assiste ensuite à une longue pantomime sur « le rapt de Lucrèce ». À l’issue de cette dernière, Orsini tente d’assassiner Rienzi. Adriano s’interpose et l’arme glisse sur la cotte de mailles du tribun. Les parjures sont arrêtés et condamnés à mort, mais le tribun accède alors à la supplique d’Adriano et d’Irene, et accepte de gracier ses ennemis, à la grande déception du peuple qui ne comprend pas pourquoi la loi ne leur est pas appliquée. Ces agissements renforcent la colère des nobles tandis que le peuple commence à douter de Rienzi.

Acte III
Sur la grande place de l’antique forum
Le peuple en émoi vient d’apprendre que les nobles se sont parjurés, ont quitté Rome et s’apprêtent à attaquer la ville. Rienzi, qui se voit reprocher de les avoir graciés doit déployer tout son talent oratoire pour rallier, une fois de plus, le peuple à sa cause. Pris dans un conflit entre son amour pour Irene et ses devoirs filiaux, Adriano tente en vain de concilier les parties adverses. Irène le dissuade de prendre part aux côtés de son père. Les troupes de Rienzi ont lancé l’offensive. On entend bientôt le chant victorieux et les sonneries festives des trompettes. Le tribun revient vainqueur et est porté en triomphe par la foule. Lorsqu’on apporte les cadavres Paolo Orsini et Steffano Colonna., un sentiment d’effroi s’empare de la foule, tandis qu’Adriano jure de venger la mort de son père, tombé durant l’affrontement.

Acte IV
La nuit sur une place devant l’église du Latran.
Rienzi a de nouveau perdu la confiance du peuple. Des citoyens critiquent, à la nuit tombée, l’exercice démagogique du pouvoir par le tribun qui cherche à s’allier à la noblesse et provoque un conflit avec l’Église et le pape. Baroncelli essaie de la gagner à la cause des adversaires du tribun, dont Adriano prend la tête. La décision est prise de l’assassiner. Le jour se lève. Rienzi arrive en tête d’un cortège solennel pour assister à un Te Deum donné en son honneur dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. La foule le menace, mais, grâce à un habile discours, il parvient à la reconquérir. Arrivé au pied de l’église, les portes se ferment devant lui, et le cardinal Raimondo affiche la bulle du pape : Rienzi est mis au ban de l’Église. La foule se détourne du tribun et s’enfuit. Tous se détournent de Rienzi, à l’exception de sa sœur Irène, qui demeure à ses côtés contre le gré d’Adriano.

Acte V
Une salle du Capitole
Reclus au Capitole, Rienzi, agenouillé devant un petit autel, implore Dieu de ne pas l’abandonner. Irène entre. Rienzi lui confie qu’il a toujours voulu l’élévation du peuple et qu’il n’a jamais eu d’autre fiancée que Rome. Irène lui assure de son indéfectible fidélité. Le Capitole est pris d’assaut par la foule qui livre le bâtiment aux flammes. Adriano tente de convaincre Irène à le suivre. La foule se précipite avec torches et flambeaux afin de tuer un Rienzi désormais banni. Le tribun se montre, mais ses discours n’ont plus d’effet. Les murs du bâtiment s’écroulent sur lui, ensevelissant en même temps Irene et Adriano, revenu pour tenter de sauver sa bien-aimée. Au même moment, les nobles portent une attaque violente contre le peuple.

La Version Bayreuth 2026

La version qui sera utilisée en 2026 à Bayreuth soutient que, si une « version finale » avait été créée autour de 1871, Rienzi aurait certainement trouvé sa place dans le canon de Bayreuth. En effet, les dix œuvres du soi-disant « canon de Bayreuth » ne reposent pas sur un testament ou des formulations autoritaires dans l’acte de fondation de la Fondation Richard Wagner Bayreuth, mais exclusivement sur des passages des lettres de Wagner au roi Louis II de Bavière de 1882.

L’équipe de production a cherché à créer une version qui prenne en compte les différentes traditions décrites plus loin, tout en respectant l’histoire de la réception de l’œuvre. De même, les études philologiques de Rienzi au cours des dernières décennies ont été méticuleusement prises en compte. L’équipe a également tenté de découvrir de nouvelles sources et de reconstruire des parties de la partition considérées comme perdues.

La forme et le profil de la partition conduisent naturellement à la question des coupures. Là aussi, l’équipe a suivi la dramaturgie musicale ainsi que les évaluations ultérieures de Richard Wagner. Lorsque Wagner écrit en 1871, « ils devraient voir le feu dans Rienzi ; j’étais un directeur musical et j’ai écrit un Grand opéra ; que ce directeur musical leur ait donné de telles noix à casser par la suite, cela devrait les surprendre », on remarque la valeur de ce « feu », qui pour les « noix » ultérieurs était tout aussi indispensable que « chaque finale comme une frénésie, une folie ivre de souffrance et de joie » (1878). Mais aussi des éléments autocritiques, comme le « vide que l’on sent quand on ne peut penser à rien » (1879), ont été pris en compte dans la version pour 2026. Non seulement une compréhension de l’intrigue était importante, mais aussi la structure interne des numéros musicaux individuels.

La relation « malsaine » entre Rienzi et sa sœur Irène joue également un rôle essentiel. Non seulement parce qu’elle fait référence à l’inceste de Siegmund et Sieglinde dans la Walkyrie, mais aussi parce qu’elle est fondamentale pour l’histoire triangulaire émotionnelle Rienzi-Irène-Adriano. Pour le concept de mise en scène, la question était donc de savoir où Wagner a exploré musicalement en profondeur la psychologie et l’émotion des personnages. Il semblait plus important d’enquêter sur ce que la politique fait aux gens et non l’inverse, et où le traitement musico-dramatique de ces questions se trouve dans la partition. Ces jeux émotionnels – sur fond d’histoire politique – sont ce qui génère la qualité exceptionnelle des numéros et des scènes individuels en premier lieu.

Même si Wagner n’avait écrit que Rienzi, l’opéra est un chef-d’œuvre unique sui generis, qui aurait trouvé sa place dans l’histoire du genre du théâtre musical européen même sans la paternité du maître de Bayreuth.

 

Cast 2026

Mise en scène: Magdolna Parditka / Alexandra Szemeredy
Direction musicale : Nathalie Stutzmann

Rienzi: Andreas Schager
Irene: Gabriela Scherer
Adriano: Jennifer Holloway
Paolo Orsini: Michael Nagy
Baroncelli: Matthias Stier

D’après le site du Festival de Bayreuth, Wikipedia et le dossier Rienzi de notre site