Richard Strauss
Richard Georg Strauss est né à Munich le 11 juin 1864 – un an moins un jour avant la création en cette ville de Tristan und Isolde, sous la direction de Hans von Bülow dont il deviendra un ami, et est décédé le 8 septembre 1949 dans sa villa de Garmisch-Partenkirchen.
Je vais essayer de vous le présenter sous son triple aspect musical: compositeur, chef d’orchestre, et pianiste accompagnateur. Ayant vécu 15 ans de plus que Wagner, il a donc plus composé que son illustre prédécesseur: 86 oeuvres dotées d’un numéro d’opus et un nombre à peu près équivalent de partitions non numérotées.
Georges Roodthooft
La Fonction paternelle et la voix du père dans l’opéra
Lors de la séance inaugurale du 7e salon de Psychiatrie et du Système nerveux central, à Paris-La Villette, le 23 novembre 1999, des voix inquiètes se sont élevées…presque un cri d’alarme, à la suite d’un constat : la disparition de l’autorité paternelle dans la constellation familiale, l’évolution rapide de la famille, la modification des valeurs, le fait que les figures maternelle et paternelle sont de moins en moins reconnues.
La voix joue un rôle de premier plan dans l’établissement des relations de l’enfant avec le couple parental, parmi les moyens relationnels. Le bébé aime et reconnaît la voix de sa mère bien avant d’aimer sa mère en tant que personne. Au deuxième semestre de sa vie, il reconnaît les rôles du père et de la mère comme différents et spécifiques. L’accès à la raison, à l’intelligible, est lié à la figure paternelle. Les moments
que vit l’enfant d’accordage affectif et de différenciation interpersonnelle sont d’une grande importance psychologique.
Aux relations fusionnelles des tout premiers mois se substituent progressivement la situation d’être avec l’autre, le fait de ressentir avec cet autre des sensations et des affects communs ou différents. Le type de relation qui s’établit sera soit un accordage affectif harmonieux soit une relation de type conflictuel marquée par l’opposition, la rivalité, la colère…. les unes et les autres nécessaires au développement de
l’enfant.
La voix du père, expression de sa présence, de son affectivité, de son autorité, était au centre de la constellation familiale, lointaine héritière du patriarcat dont la société romaine était le modèle.
Jusqu’à une époque récente, l’autorité a toujours été considérée comme éducative. Elle l’était, sans conteste, lorsqu’elle s’exprimait sous la forme d’une fermeté affectueuse. Mais deux dérives de l’autorité paternelle sont possibles, l’une par excès l’autre par défaut :
- l’excès d’autorité sans une contrepartie suffisante de tendresse empêche l’épanouissement de l’enfant jusqu’au moment où il provoque le désir d’éliminer le père ;
- la carence d’autorité n’est pas moins lourde de conséquences : une mauvaise compréhension de la pensée de Freud, qui nous vient alors des Etats-Unis, a fait que souvent l’autorité paternelle a été considérée comme devant être remplacée par la permissivité.
Ni l’une ni l’autre de ces dérives ne traduisent encore le bouleversement profond de la société dont la deuxième partie du XXe siècle va être le témoin. De grandes différences dans la fonction paternelle caractérisent ces deux époques.
- Jusqu’au milieu du XXe siècle, la voix du père se fait entendre et son autorité s’exerce de façon plus ou moins affective et compréhensive. Dans le meilleur des cas, le milieu familial offre à l’enfant un cadre sécurisant et éducatif. La psychanalyse nous apporte une approche en profondeur de la fonction paternelle.
- Or, la crise de 1968 a été le révélateur d’un bouleversement social et d’une discontinuité brutale entre la relation au père et la relation à la société. La fonction paternelle a évolué, l’image du père s’est affaiblie… Sa voix ne se fait plus entendre, ou presque plus.
Nous devions animer une soirée de Formation Médicale continue. Il nous a été demandé de parler du rôle du père mais en prenant les exemples non sous forme de vignettes cliniques mais plutôt parmi les personnages d’opéra, proposition qui nous a à la fois étonnée et séduite.
La grande période de l’opéra se situant au XIXe siècle et au début du XXe siècle, pour illustrer la voix du père et la fonction paternelle, c’est en majeure partie aux pères tels qu’ils apparaissent dans la société de type patriarcal que nous allons nous trouver confrontés. La plupart seront des pères à forte personnalité.
La place du père dans les scènes d’opéra est mise en forme avec toute sa force affective, introduite à partir des mythes et incluse dans des scénarios qui se dévoilent sur le modèle des scènes qui nous sont familières. Les relations dans l’opéra, intersubjectives comme elles le sont dans la vie, caractérisées par des correspondances affectives et des situations conflictuelles, vont être exprimées, amplifiées par la voix chantée. L’opéra va nous permettre de revivre la multiplicité et la variété des scénarios qui ont jalonné notre vie depuis l’enfance. Nous sommes touchés par l’expression scénique théâtrale et musicale qui rejoint nos propres fantasmes. Dans ce contexte, la difficulté n’a pas été de trouver des types de personnalités paternelles et des situations les concernant, mais plutôt de donner des limites à notre étude
Notre objectif était non seulement de présenter une description de la fonction paternelle plausible dans sa complexité et sa variété, mais aussi de permettre aux auditeurs de goûter un moment de plaisir musical.
Nous allons développer les thèmes suivants :
- Ce qu’est la fonction paternelle et la voix du père dans la société traditionnelle jusqu’au milieu du XXe siècle. Cet aperçu trouvera son application dans l’étude des pères d’opéra, dont la grande époque est la 2ème moitié du XIXe siècle et la 1ère moitié du XXe. Les grands courants psychanalytiques apportent un approfondissement à cette étude.
- Ensuite, nous situerons la place du père et les représentations de sa fonction dans l’opéra en général.
- Une première étude systématique des pères dans les opéras du XVIIIe au XXe siècle par pays et par style nous amènera à une première classification à partir des livrets et des œuvres musicales.
- Cette réflexion servira de base à une autre approche plus originale. Une deuxième classification nous permettra de décrire sept types de personnalités paternelles dans l’opéra sans oublier les substituts paternels.
Jacqueline Verdeau-Paillés