- Éditorial par Georges Roodthooft
- Leopold Stokowski par Georges te Kolsté
- Le Roi Arthus par Cécile Leblanc
- Götterdämmerung à Liège par Georges Roodthooft
- Götterdämmerung à l’Opéra Royal de Wallonie par Bernard Rungaldier
- Bayreuth 2003 : Le Ring de Jürgen Flimm par Thierry Levaux
- Chronique Video par Georges Roodthooft
N°2 – 2004/2005
Leopold Stokowski
Leopold Anthony Stokoswki, comme l’indiquent les registres d’état civil, est né à Londres, le 18 avril 1882. Son père, Kopernik Stokoswki,
était polonais et sa mère, Annie Moore, était de descendance irlandaise.
L’aisance financière de sa famille lui permit de faire des études élitistes qui furent couronnées par un Bachelor of Music Degree obtenu au Queen’s College d’Oxford. Parallèlement, il reçut une formation de musicien, commencée très tôt au violon, poursuivie au piano et ensuite à l’orgue, en fréquentant le Royal College of Music, avec notamment comme professeur Charles Parry (1848-1918) et Charles Stanford (1852-1924) et, à 18 ans, il obtint le plus haut grade, Fellow, au Royal College of Organists in England.
Ces précisions administratives et académiques peuvent paraître fastidieuses, mais elles sont nécessaires. En effet, Stokowski n’aimaient pas évoquer son passé. Il n’en parlait pas du tout ou il fabulait. C’est ainsi qu’il affectait, de temps en temps, un fort accent polonais ou vaguement d’Europe Centrale et qu’il prétendait être né à Cracovie. Cabotinage de charlatan ou coup de maître de publiciste ? La question se pose.
Georges te KOLSTÉ
Le Roi Arthus
Paul Dukas constatait ainsi, au lendemain de la création d’Arthus, le 5 décembre 1903 dans la Chronique des arts et de la curiosité :
« Au moment où Chausson écrivait Le Roi Arthus, les musiciens, épris d’un art sans compromission,n’avaient pas encore réussi à
secouer le joug du maître allemand, dont l’oeuvre apparaissait comme définitive en ce qui concerne les rapports du poème et
de la musique et la genèse de celle-ci. »
Chausson lui-même avait constaté lors de la création de Fervaal que « la révolution dramatique » réalisée par Wagner avait « un caractère trop général pour rester isolée, sans portée et sans conséquence ». Comment, dans ces conditions, Chausson pouvait-il composer une oeuvre originale et profondément personnelle ? Né en 1855 à Paris, il a 21 ans lors de l’inauguration de Bayreuth et 30 ans au moment où l’influence de Wagner connaît son apogée en France, notamment grâce à l’action militante de la Revue Wagnérienne d’Édouard Dujardin et Houston Stewart Chamberlain, qui paraît, rappelons-le, de février 1885 à janvier 1888. Son activité créatrice correspond très exactement
au déferlement du wagnérisme en France. Disparu accidentellement en 1899, il n’a pas eu le temps comme Claude Debussy de contester l’œuvre du maître allemand. Cependant Chausson, tout en appliquant scrupuleusement les conseils de Wagner, en particulier ce qui concerne les livrets, a fait la synthèse des recherches de son temps. Très au fait des manifestations symbolistes, il en a tenu compte pour composer un drame qui n’est en rien une reproduction de Tristan, comme on le lui a souvent reproché, mais la mise en oeuvre d’une philosophie personnelle et d’une certaine idée qu’il se faisait de l’artiste, plus proche en cela de Parsifal que de Tristan. La confrontation avec l’œuvre de Wagner a donc été vécue par Chausson comme une véritable expérience spirituelle.
Cécile LEBLANC