Wagner au Festival d'Aix-en-Provence
Wagner au Festival lyrique d’Aix-en-Provence : l’association a de quoi susciter à tout le moins l’étonnement et voire l’irritation. Comment le plus mozartien des festivals français ose-t-il s’attaquer à un monument du répertoire allemand. Comment un théâtre de festival aux moyens scéniques plus limités peut-il accueillir une ?uvre qui exige d’utiliser à plein les moyens techniques d’une maison d’opéra. Comment un festival, il y a peu annulé du fait des mouvements des intermittents, va-t-il réussir à se surpasser dans les embûches d’une mise en œuvre périlleuse ? Derrière ce choix de Stéphane Lissner, directeur du festival, se trouve une opportunité rare : la construction d’une nouvelle salle de spectacle qui sera inaugurée en 2007. L’idée était de proposer le prélude du Ring cet été dans le Théâtre de la cour de l’archevêché. La suite viendra, au rythme d’une nouvelle production par saison, dans la nouvelle salle. Pour cet événement phare, Lissner a repris une équipe qui avait déjà fait ses preuves en ces lieux avec l’Affaire Makropoulos de Léos Janacek, à savoir Sir Simon Rattle à la direction musicale et Stéphane Braunschweig à la mise en scène. Et luxe suprême, ce sont rien moins que les Berliner Philharmoniker qui officient dans la fosse. Ajoutons, comme touche finale, que ce spectacle est co-produit par l’Osterfestspiele de Salzbourg qui le présentera en avril 2007.
Benoit van LANGENHOVE
Ni or, ni Rhin
Un spectacle curieux s’est donné à Gand récemment, qui se voulait apparemment une allégorie du monde d’aujourd’hui. La scène représente un immense bureau rempli d’ordinateurs, d’écrans de grande taille (destinés au public) et d’autres accessoires comme des distributeurs de boissons. De nombreux personnages y évoluaient, avec des gestes et des attitudes qui détonnaient souvent dans un tel contexte, allant parfois jusqu’à la violence. L’action était de toute façon difficile à suivre, surtout que le regard était capté sans cesse par les images très changeantes qui s’affichaient sur les écrans. Elles étaient parfois en rapport avec ce qui se passait sur le plateau (certains personnages étaient montrés dans les couloirs menant au bureau avant leur entrée en scène, par exemple), mais pour le reste on y trouvait pêle-mêle des photos d’actualité, des évocations de jeux vidéo, une longue scène avec des nageuses nues, des paysages, et j’en passe.
Thierry LEVAUX
Le Rocher de Brünnhilde
À Bayreuth, de 1976 à 1980, le Ring a été dirigé par Pierre Boulez avec une mise en scène de Patrice Chéreau, dans des décors de Richard Peduzzi et des costumes de Jacques Schmidt En 1976, le Rocher de Brünnhilde représentait une construction en forme de pyramide très allongée inspirée du Matterhorn, en Suisse,appelé en français le Mont Cervin.
C’était un hommage à la nature qui pouvait symboliser la grandeur mythique d’un lieu où des moments importants se jouent. La montagne est pour la Suisse une véritable valeur spirituelle en soi. Elle est une grande inspiratrice. Les monts, les glaciers se confrontent à l’homme et dialoguent avec lui de façon passionnée; ils possèdent un véritable « être » presque personnalisé qui se manifeste avec force, qui prend une apparence énigmatique et menaçante (un spectateur suisse, venu à Bayreuth, sensible à cet hommage, a remercié le metteur en scène et le décorateur).
Cependant, en 1977, deux décors du Ring ont été repensés à neuf : le Walhall et le rocher. Ce nouveau rocher est inspiré d’un tableau d’Arnold Böcklin, intitulé l’Île des Morts.Cette idée,Patrice Chéreau et Richard Peduzzi l’ont eue ensemble et Richard Peduzzi a retravaillé le tableau pour en faire un décor de théâtre.
Jeanne CLEMENT