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Il fut un temps où le disques n’enregistrait du Ring que les pages symphoniques agrémentés de quelques extraits vocaux. Aujourd’hui, la mode est aux condensés comme le proposent ces deux enregistrements récents.

Après le « Ring sans paroles » de Lorin Maazel, voici la « Ring Odyssey » de Joseph Swensen à la tête de son orchestre bordelais. Un peu plus de deux heures de musique, cette fois, avec trois voix pour plusieurs personnages. Forcément subjective, la sélection opérée au sein des quatre ouvrages formant L’Anneau du Nibelung manque de cohérence : alors que certaines scènes sont atomisées pour tenir en quelques minutes, Le Crépuscule des dieux se taille la part du lion -duo de Siegfried et Brünnhilde, Marche funèbre, scène finale.
Le wagnérien n’appréciera guère de voir tronqués les adieux de Wotan, les Murmures de la forêt, le duo final de Siegfried. Certains enchaînements laissent par ailleurs perplexe : la scène de Donner succède à la descente au Nibelheim, le Ewig war ich de Brünnhilde, s’enchaîne directement au Lever du jour du Crépuscule, l’appel de Hagen au tableau des Filles du Rhin – transition peu réussie… Qui veut découvrir la Tétralogie y trouvera peut-être son compte, mais les autres retourneront plutôt aux extraits habituels.
Article complet de Didier Van Moere dans Diapason n°738

Joseph Swensen, le nouveau patron de l’ONBA, s’y frotte à son tour, dans une version de deux heures environ, pensée comme une vaste symphonie, ponctuée comme chez Mahler de quelques hits chantés (et trop fragmentés). Les coupures, les glissements et coutures signés Swensen se défendent techniquement. L’interprétation vocale, probe, ne peut rivaliser avec aucune référence enregistrée. L’orchestre ne démérite pas (beau Voyage sur le Rhin)  et le chef montre surtout qu’il ressent cette musique et sait parfaitement la faire vivre.
Article complet de Pierre Flinois dans Classica n° 268

« Ring Odyssey » — Christiane Libor (Sieglinde, Brünnhilde), Michael Weinius (Siegmund, Siegfried), Derek Welton (Wotan, Hagen), Chœurs de l’Opéra de Bordeaux, Orchestre national de Bordeaux Aquitaine, dir. Joseph Swensen — Alpha Classics 1072 (2 CD). 2024. 2 H 08 MIN

 

Étonnant objet discographique que cette Parsifal Suite due au jeune chef britannique Andrew Gourlay, qui propose une espèce de résumé de l’ultime  opéra wagnérien en un enchaînement assez audacieux de ses pages purement orchestrales, ouvert comme il se doit par le Prélude du premier acte et refermé par la fin de l’opéra en instrumental. C’est plutôt la succession des cinq plages intermédiaires qui, sur le papier du moins, étonne, dévolue d’abord au troisième acte donné pêle-mêle (Enchantement — Marche funèbre
— Prélude) puis au Prélude de l’acte Il et à la Musique de Transformation de l’acte l. Au niveau purement sonore, ce flot instrumental de quarante-sept minutes
fonctionne pourtant très bien, le chef ayant suivi avant tout la logique harmonique, sans transitions autres que la pure musique de Wagner. Au niveau interprétatif, on sent une vraie ferveur pour l’ouvrage.

Parsifal Suite — Orchestre philharmonique de Londres, dir. Andrew Gourlay — Orchid classics ORC100207. 2022.47 min