Siegmund Nimsgern (1940–2025) : Une voix wagnérienne d’exception
Le baryton-basse allemand Siegmund Nimsgern s’est imposé comme l’un des grands interprètes du répertoire wagnérien au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Né à Saint-Wendel (Sarre) en 1940, il débute sa carrière au théâtre de Sarrebruck avant de conquérir les plus grandes scènes internationales : Vienne, Milan, Londres, New York… et bien sûr Bayreuth.
Son timbre sombre, sa projection puissante et sa diction incisive étaient idéaux pour rendre toutes les ambiguïtés, la grandeur et la noirceur des figures wagnériennes. Son Wotan reste un modèle d’équilibre entre autorité et vulnérabilité, avec une vision profondément humaine et magnifiquement articulée du dieu tourmenté. À l’égal de ses contemporains, Nimsgern savait s’emparer de la langue de Wagner, la colorer, la faire vibrer, offrant ainsi des incarnations marquantes au disque comme à la scène.
Parmi les rôles de Siegmund Nimsgern figurent Wotan, (dans Der Ring des Nibelungen au Festival de Bayreuth de 1983 à 1987, sous la direction de Sir Georg Solti), Telramund, Amfortas, Alberich, Günther, le Hollandais, Macbeth, Iago et Luna. Il a aussi chanté dans des opéras de Mozart, Beethoven, Verdi, Georges Bizet, Strauss, Puccini, Alban Berg, George Enescu, etc). Il fut aussi un chanteur de lieder accompli (Schubert, Schumann, Johannes Brahms, Wolf, etc.) et un chanteur d’oratorio (J.S. Bach, George Frideric Handel, L.v. Beethoven, Felix Mendelssohn, etc.),
Nimsgern a travaillé avec des chefs d’orchestre aussi différents que Claudio Abbado, Daniel Barenboim, Pierre Boulez, Riccardo Chailly, Colin Davis, Christoph von Dohnányi, Carlo Maria Giulini, Herbert von Karajan, Carlos Kleiber, Erich Leinsdorf, Jean Martinon, Zubin Mehta, Riccardo Muti, Seiji Ozawa, Wolfgang Sawallisch, Georg Solti ou Horst Stein.
Sa discographie, saluée par la critique, comprend des enregistrements de référence : Parsifal avec Karajan, Lohengrin avec Solti (Grammy Award), Le Château de Barbe-Bleue avec Boulez, Fidelio avec Masur. Il s’est également illustré dans des rôles hors du répertoire wagnérien, tels qu’Escamillo (Carmen) ou Pizarro (Fidelio), révélant une grande polyvalence vocale et dramatique.
Installé en Sarre, il a transmis sa passion à son fils, Frank Nimsgern, compositeur de théâtre musical. Siegmund Nimsgern s’est éteint le 14 septembre 2025 à l’âge de 85 ans, laissant une empreinte durable dans l’histoire de l’interprétation wagnérienne.