© Zurich, La Limmat depuis le Quaibrücke (de), vers le sens du flot descendant. On voit l'église Fraumünster, le Zunfthaus zur Meisen, la Wasserkirche, et la Grossmünster. - Wikipêdia

Richard Wagner à Zurich

Les étapes du compositeur dans la ville de Zurich (1849-1858)

 

« Je me sens à nouveau très bien à Zurich
et, une fois que j’aurai choisi mon pays,

je n’aurai plus envie de le quitter. »

Richard Wagner en juillet 1850 à Theodor Uhlig

 

Le compositeur Richard Wagner est l’un des personnages les plus hauts en couleur de l’histoire de la musique. Sa vie instable a été marquée par un nombre relativement important de lieux de séjour et de résidence. Outre Leipzig, Riga, Dresde, Paris, Londres, Venise et surtout Bayreuth, il a passé 20 ans en Suisse. Dont neuf années particulièrement productives à Zurich, qui devaient prendre une importance centrale dans l’œuvre du compositeur. C’est ici qu’il dirigea, rédigea des écrits sur la théorie de l’art, composa des poèmes et des drames musicaux, en particulier une grande partie de son « Ring des Nibelungen », conçu comme une œuvre d’art totale. Au cours des trois prochaines années, l’Opéra de Zurich mettra en scène cette œuvre majeure du compositeur.

Dans la ville de Zurich, qui comptait à l’époque tout juste 17 000 habitants, Richard Wagner a obtenu tout ce dont il rêvait : succès, reconnaissance et suffisamment d’argent pour financer sa création et sa vie. Zurich lui offrait la liberté et l’ouverture dont il avait besoin pour mettre en œuvre ses idées. La ville devint un terrain d’expérimentation pour ses concepts. L’idée de Wagner d’organiser des festivals avec ses propres oeuvres a également été réalisée ici bien avant Bayreuth, le paysage a été une source d’inspiration et l’amour pour Mathilde Wesendonck l’origine de la plus belle musique qui ait traversé le temps.

Hôtel Schwert, Weinplatz

La période zurichoise de Wagner a commencé à I l hôtel Schwert sur le Weinplatz. En 1849, celui qui était alors maître de chapelle à la cour de Dresde était recherché pour haute trahison. Le combattant des barricades, âgé de 36 ans, s’enfuit tête baissée en direction de Paris. En chemin, il voulait trouver refuge à Zurich chez son ami d’enfance Alexander Müller, mais il ne I la pas trouvé. Sans ressources et seul, il passa sa première nuit sur les bords de la Limmat à l’hôtel Schwert, l’actuelle Haus zum Schwert.


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Rennweg 55

Après son échec à Paris, Wagner s’installa à Zurich en juillet 1949. Il fut d’abord l’hôte de son ami Alexander Müller, chez qui il trouva refuge au troisième étage du Rennweg 55. Cest là qu’il rédigea fin juillet le premier de ses « Zürcher Kunstschriften » : Die Kunst und die Revolution

Les « Escher-Hëuser » de derrière, Steinwiessstrasse 3

Dans les maisons dites « Escher-Hëuser », Minna et Richard Wagner vivaient avec leur chien et leur perroquet dans trois appartements au total, d labord au rez-de-chaussée. Pendant les sept mois de son séjour, il rédigea ses écrits « Das Kunstwerk der Zukunft », « Kunst und Klima » et le projet de drame « Wieland der Schmied ».

Haus zum Abendstern « Villa Rienzi », Zurich Enge

En avril 1850, les Wagner déménagent à nouveau. Richard séjourna à Paris et sa femme Minna déménagea avec son ménage dans le faubourg d’Enge de l’époque, à 15 minutes à pied de la limite de la ville.

L’appartement qui n l existe plus dans le « Haus zum Abendstern » fut baptisé en plaisantant « Villa Rienzi » par ses amis. Wagner y passa un an et demi et rédigea les écrits Oper und Drama, Eine Mitteilung an meine Freunde et le projet en prose et en vers de Der junge Siegfried, mais aussi le pamphlet antisémite Das Judentum in der Musik.

Les « Escher-Hëuser » de devant, Zeltweg 11 et 13

Après leur détour par Enge, les Wagner sont revenus s’installer dans les « Escher-Hâuser », cette fois-ci à l lavant du Zeltweg. Ils ont d’abord habité au rez-de-chaussée du Zeltweg 11, puis ils ont déménagé dans un appartement plus spacieux et plus lumineux au deuxième étage, à côté, au Zeltweg 13.

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Pendant ces six années, Wagner a travaillé à la poésie et à la composition du « Ring », c’est ici que sont nés « Das Rheingold » et « Die Walküre ». Le bruit de la rue, déjà présent à l’époque, posait problème au compositeur. Il se plaignait ainsi du tôlier d i en face, qui « assourdissait ses oreilles », mais qui lui a f

inalement donné le motif de I l explosion de colère de Siegfried contre le « Stümperschmied » Mime.

Hôtel Baur au Lac vers 1910, Zurich – © Wikipedia

Hôtel « Baur au Lac »

Le « Baur au Lac » est l’un des principaux lieux de travail de Wagner à Zurich. Fin octobre 1850, Otto Wesendonck, un grand bourgeois très fortuné, et sa femme Mathilde, spirituelle et cultivée, arrivèrent à Zurich avec leurs enfants. Ils s’installèrent dans l’hôtel « Baur au Lac », encore jeune à l’époque. Venant de New York, ils ont choisi Zurich, la métropole de la soie, comme nouveau domicile. Ils logèrent au << Baur au Lac » jusqu là l’achèvement de leur villa dans l’actuel quartier d l Enge en été 1857. Cest à cette époque que les Wesendonck firent la connaissance de Richard Wagner et qu’une étroite relation amicale et financière naquit, qui allait marquer I l histoire de la musique. Grâce au soutien des Wensendonck, la première lecture publique du poème « Der Ring des Nibelungen » de Wagner eut lieu quatre soirs de février 1853 dans la grande salle du « Baur au Lac ». Trois ans plus tard, le premier acte de << Die Walküre » y fut présenté pour la première fois. Franz Liszt, qui vivait également à Zurich à l’époque, jouait du piano et Richard Wagner en personne chantait les rôles de Siegmund et Hunding. Wagner offrit cette soirée à son ami Liszt qui fêtait son anniversaire.

Villa Wesendonck & « Asyl »

L’association de Richard Wagner avec les Wesendonck culmina sur la « Grünen Hügel », dans la villa fraîchement construite par le couple. Otto Wesendonck acheta également le terrain et la maison adjacente et les mit à la disposition des Wagner comme lieu de résidence. Elle fut surnommée « Asyl ». Il n ia pas pu profiter longtemps de ce domicile. La relation entre lui et Mathilde Wesendonck devint de plus en plus intense et aboutit à un scandale qui l’obligea à prendre à nouveau la fuite. Cette année sur la « grünen Hügel » lui a inspiré << Tristan und Isolde » ainsi que les << Wesendonck-Liedern ».

Le casino au Hirschengraben

Entre 1850 et 1855, Wagner a dirigé à plusieurs reprises des concerts de la Société générale de musique dans le casino, une salle de concert de 400 places. Le bâtiment, qui a été surélevé par la suite, abrite aujourd’hui la Cour suprême de Zurich.

Franz Hegi, Aktientheater de Zurich, 1839 – © Wikipedia

Le théâtre d’actions à Zurich

En novembre 1834, le premier théâtre debout de Zurich, appelé Aktientheater, ouvrit ses portes aux Unteren Zëunen. Cest dans ce théâtre, qui pouvait accueillir 800 personnes, que Richard Wagner s’est produit à plusieurs reprises en tant que chef d’orchestre durant la saison 1850—1851. Entre 1852 et 1855, Richard Wagner y dirigea, à l’époque encore à la lumière des bougies, des représentations de « Fidelio », << Don Giovanni », << Die Zauberflôte » et << Freischütz » de Weber. En avril et mai 1852, il dirigea le « Fliegende Holländer », et en février 1855, une représentation de « Tannhäuser ». Les deux étaient des premières zurichoises. La nuit du Nouvel An 1890, le bâtiment a été détruit par un incendie, à la suite de quoi le nouveau bâtiment, l’Opéra de Zurich, qui existe encore aujourd’hui, a été construit au bord du lac.