© Carole Parodi - Grand Théâtre de Genève - Wagner, Tannhauser, 2025

Voici une synthèse des critiques de presse sur la nouvelle production de Tannhäuser au Grand Théâtre de Genève, mise en scène par Michael Thalheimer.

Michael Thalheimer poursuit à Genève son exploration du répertoire wagnérien, après Parsifal (2023) et Tristan und Isolde (2024). Appelé en remplacement de Tatjana Gürbaca, il reprend une scénographie déjà conçue pour sa consœur par par Henrik Ahr : un cylindre monumental tournant sur lui-même, représentant le Venusberg comme un espace mental clos. Ce dispositif scénique, sombre et abstrait, évoque l’enfermement psychologique du héros. L’approche de Thalheimer reste fidèle à son esthétique : minimalisme, tension intérieure, et refus du spectaculaire. Ce qui amène les critiques a regretté l’absence de contrastes visuels marqués entre Venusberg et Wartburg, le dispositif unique limitant la richesse des univers.Le Venusberg devient une projection mentale, plus qu’un lieu de débauche. Si certains critiques saluent la fluidité et la lisibilité de la mise en scène, d’autres lui reproche une vision trop terne et une bacchanale escamotée, privant l’œuvre de sa sensualité originelle.  La symbolique du sang, omniprésente (Vénus souillant Tannhäuser puis le héros s’aspergeant lui-même), est jugée excessive et peu subtile par plusieurs commentateurs.

La distribution vocale allie révélations et contraste. La mezzo-soprano Victoria Karkacheva, dans le rôle de Vénus, est unanimement saluée comme une révélation pour sa présence scénique et vocale. Elle incarne une femme fatale à la fois sensuelle et démoniaque. A l’opposé se trouve Daniel Johannson, un Tannhäuser, puissant, tourmenté mais manque de nuances et de sensibilité. Ce n’est pas le cas de la soprano irlandaise Jennifer Davis (Elisabeth) dont la présence vocale est impressionnante de vigueur, de nuance et de beauté. Wolfram von Eschenbach, est chanté par Stéphane Degout : comme toujours, le baryton français accorde grâce et finesse à son rôle, surtout dans sa Romance à l’étoile, mais sans soulever un enthousiasme débordant.

Le chef britannique, Sir Mark Elder s’attire des avis contrastés : certains lui reprochant sa trop grande discrétion, d’autres une vision disparate entre ennui et surexcitation.

Pour en savoir plus :

Diapason : “Tannhäuser” à Genève : sauvetage réussi par Emmanuel Dupuy
Res Musica : À Genève, Michael Thalheimer désenchante Tannhäuser par Jacques Schmitt
Transfuge : Tannhäuser au Grand Théâtre de Genève : dans la boîte noire de Wagner par Oriane Jeancourt Galignani
lémanbleu.tv : Tannhäuser au Grand Théâtre: entre éclats et réserves par Guy Cherqui
TdG Culture : Des décors minimalistes pour la première tentation wagnérienne, rencontre avec le décorateur par Andrea di Guardo