© Herwig Prammer - Rheingold, Opéra de Paris 2025

À l’Opéra Bastille, L’Or du Rhin se morfond dans le cloud

A-t-on attendu trop longtemps ? Le grand frisson à l’idée de voir enfin le nouveau Ring de Wagner auquel l’Opéra national de Paris renonça pour cause de pandémie aura commencé par un pétard mouillé. Calixto Bieito est un metteur en scène foncièrement irrégulier. Quand il en rajoute dans la violence sale et méchante, il peut être paresseux. Quand il renonce aux facilités et concentre son travail, il est au plus près de la puissance dramatique de l’œuvre. Et quand il est entre les deux, voici son Or du Rhin présenté à la Bastille, et qui donne tout simplement l’impression de ne pas avoir été travaillé.
Certes il y a les idées. Elles ne sont ni nouvelles ni mauvaises : l’or qui donne le pouvoir est aujourd’hui virtuel. Ce n’est ni le pétrole qui coule à flots sur la déesse Freia et auquel Loge va mettre le feu, ni les pièces d’or que l’on se vole, c’est la maîtrise de la tech. Le Walhalla est un superordinateur régnant sur le big data, le Nibelung Alberich élabore son plan de conquête…
Lire la critique complète de Christian Merlin sur le site du journal Le Figaro

Critique opéra : Une version bien interprétée mais trop peu lyrique de « L’Or du Rhin » à l’Opéra Bastille

Anna Sigalevitch : « Mon avis est en demi-teinte. Le projet me semble intéressant et pertinent mais j’ai des réserves sur la façon dont il est joué ainsi que sur la direction d’orchestre. Il y a de bonnes idées sur les personnages, avec une vraie caractérisation très réussie. Je trouve que les rôles de Freia et Fricka sont très bien interprétés, les actrices sont assez exceptionnelles aussi bien dramatiquement que vocalement. J’ai apprécié le traitement de Freia comme la marginale de la famille, qui refuse d’entrer au Valhalla et s’immole par le feu.
Emmanuelle Giuliani : « Je suis sortie très insatisfaite de cet opéra pour des raisons tant scéniques que musicales. La direction n’est pas aussi impressionnante qu’on le souhaiterait et il y a un problème de cohérence du plateau vocal. Je ne suis pas opposée à l’idée du numérique dans la mise en scène, elle aurait pu avoir une certaine pertinence sur le papier même si elle n’est pas neuve, mais je ne la trouve pas bien menée, c’est brouillon, franchement moche.
Les Midis de Culture, 10 février. Ecoutez le podcast complet sur Radio-France, France-Culture.

Le cours de L’Or du Rhin dévisse à l’Opéra de Paris

Initialement prévu pour la baguette de Philippe Jordan, finalement échu à un Pablo Heras-Casado pressenti pour prendre la relève au poste vacant de directeur musical de la grande boutique, ce Ring annoncé pour 2020 et repoussé en raison d’un certain virus s’est fait désirer. Il faut dire que la Tétralogie de Wagner demeure le sommet des programmations lyriques (elle devait couronner le mandat de Stéphane Lissner), et que sa relecture par Calixto Bieito – auteur d’une Carmen inoxydable et d’un Exterminating Angel virtuose la saison passée – promettait de secouer à nouveau l’opéra Bastille. La déception a été à la hauteur des attentes pour cet Or du Rhin – prologue aux trois journées de L’Anneau des Nibelungen.
Une grande forteresse de tôle perforée, laide et très bruyante mais impressionnante : dessus sont projetés des images organiques, des corps sous perfusion et, à la toute fin, le visage branché d’électrodes d’un nourrisson (sans doute appelé à un grand avenir dans les trois journées qui suivront ce prologue…) ; dedans, on devine le dédale d’escaliers et de couloirs, aménagement labyrinthique d’un Walhalla en forme de cage de Faraday ; dessous, la salle des machines, data center des Nibelungen et laboratoire d’Alberich – savant fou développant des prototypes humanoïdes
Lire la critique complète d’Erwan Gentric sur le site de Bachtrack.

« L’Or du Rhin » à l’Opéra de Paris : « Das Rheingold » à l’heure de la société virtuelle

Ce « Rheingold » de l’Opéra de Paris recèle plein de bonnes idées parfois inabouties, servies par une véritable équipe vocale soutenue par un orchestre plus illustratif que dramatique.
Lire la crtique complète de Serge Martin sur le site du journal Le Soir.

Calixto Bieito met en scène « L’Or du Rhin » sous la direction de Pablo Heras-Casado, entre précision chambriste et langueur théâtrale

Chacun des caractères trouve ainsi équivalence avec les turpides du néolibéralisme du XXIème siècle, sans parvenir à une véritable dynamique théâtrale, avec une direction d’acteurs aussi placide que les lumières blafardes de Michael Bauer.
Cette inertie se retrouve dans la fosse. Pourtant, rarement l’Orchestre de l’Opéra de Paris a révélé un tel luxe de couleurs et de nuances. Mettant en valeur chacun des pupitres avec un raffinement chambriste, parfois aux limites de l’acoustique de la Bastille, Pablo Heras-Casado – qui confirme par là sa position de favori pour la direction musicale de l’institution, vacante depuis le départ de Gustavo Dudamel – accompagne et soutient chacun des solistes du plateau. Mais cette beauté sonore hi-fi, faite de souplesse mélodique et de transparence quasi debussyste, émousse toute nervosité dramatique.

Lire la critique complète de Gilles Charlassier sur le site de La Terrasse

“L’Or du Rhin” à l’Opéra Bastille : attendu depuis 2020, l’opus wagnérien ne tient pas toutes ses promesses

Ce qu’il fait à Paris, avec un orchestre transformé par Philippe Jordan en formidable machine wagnérienne, affiche un esprit plus chambriste qu’épique. Si le début du Prélude manque de fluidité, ce n’est que passager, et peut-être dû à la difficulté d’obtenir le silence dans une salle remplie de « serial tousseurs ». Mais la vague qui monte ensuite pour ne plus redescendre, ample, chaleureuse, océanique, est de toute beauté.
Le chef réussit aussi à maintenir l’équilibre entre la fosse et le plateau, et ce n’est pas un luxe, car si la distribution est homogène et de qualité, on y trouve peu de grands formats vocaux. Une méchante grippe survenue pendant les répétitions nous prive du premier Wotan, tant attendu, de Ludovic Tézier ; il est remplacé par Iain Paterson, déjà présent en 2020. Un Wotan éprouvé, stylé, élégant, mais à la voix peu puissante et au charisme limité. De l’ancienne distribution demeure aussi le merveilleux Mime de Gerhard Siegel. La meilleure surprise de la soirée est offerte par la première Fricka d’Eve-Maud Hubeaux, d’une présence sidérante au-delà de son riche timbre de mezzo-soprano, aux accents caressants ou impérieux selon ce que requièrent la situation et les frasques de son ingérable époux.
Lire la critique complète de Sophie Bourdais sur le site de Télérama.

Rheingold, un début de Ring dans le métavers

Pablo Heras-Casado n’est pas de ces wagnériens qui s’imaginent toujours dirigeant des symphonies de Bruckner, un peu embêtés de s’apercevoir que les hommes et les femmes qui gigotent derrière les percussions sont des chanteurs que le public a envie d’entendre. Ainsi, les efforts pour ménager la projection de Iain Paterson sont louables ; arrivé il y a quelques semaines pour remplacer Ludovic Tézier, dont la prise de rôle en Wotan était très attendue, le chanteur ne cache pas l’effort, et « Abendlich strahlt der Sonne Auge » sonne parfois douloureusement. Son épouse en prend un relief particulier, d’autant plus qu’Eve-Maud Hubeaux, très à son aise sur toute la tessiture, compose un personnage véhément, moitié-vamp moitié-Lady Macbeth. Simon O’Neill, qui chante encore des Tristan et des Lohengrin, apporte à Loge une intégrité vocale bienvenue, sans sacrifier pour autant l’abattage qu’on attend de ce personnage à la cruauté insaisissable. En grand habitué du rôle, Gerhard Siegel impose sans difficulté un Mime sonore et pitoyable, tandis que Brian Mulligan, avec cette clarté de timbre qui donne tant de noblesse à ses Amfortas, montre en Alberich une forme de fragilité, voire de douceur, parfois au détriment de l’impact sonore mais sans que l’on regrette d’assister à une performance si originale. Originale aussi, forcément, est l’Erda inquiète et humaine de Marie-Nicole Lemieux, pour qui le passage à Wagner ne se fait pas sans exposer la trame de la voix.

Lire la critique complète de Clément Taillia sur le site de Forum Opera