© Van Rompay - Alain Altinoglu et l'Orchestre ed La Monnaie repètent Parsifal

Les membres du Cercle étaient en nombre pour ces exécutions du Parsifal de Richard Wagner en concert à Bozar. Les discussions d’entracte étaient passionnées mais courtoises : on ne discutait pas de mise en scène.

A cette occasion, nous avons fait un petit tour de la presse francophone, histoire de confronter votre opinion avec celle de critiques.

D’abord, passons en revue les chanteurs. Celui qui reçoit le plus d’avis positifs est sans conteste Franz-Josef Selig dans le rôle de Gurnemanz. La grande basse allemande est égal à lui-même en Gurnemanz, nous dit Opera online,  ses monologues sont phrasés avec une ampleur veloutée qui ne cesse de nous impressionner, et la diction, incroyablement nette, donne à ces longs moments d’introspection narrative une emphase qui ne vire jamais à la grandiloquence. Autre artiste plébiscitée de la soirée, Elena Pankratova qui, selon Olyrix, sert pleinement son rôle féminin majeur de Kundry (comme elle l’a fait chaque été à Bayreuth entre 2016 et 2019), avec amplitude, puissance et grande souplesse vocale. La précision de la soprano russe, sa prosodie et sa vélocité́ rendent avec facilité les révoltes du personnage.

Notre compatriote, Werner Van Mechelen, a aussi attiré l’attention d’Olyrix. Werner van Mechelen, baryton-basse habitué de la scène bruxelloise, campe Amfortas avec une confiance autoritaire. La voix souple, austère, métallique et puissante du lauréat du Concours de la Reine Elisabeth s’accorde avec son jeu maitrisé, élégant et retenu. Pour Bachtrack , la grande révélation de cette soirée vient du baryton-basse chinois Shenyang qui se produisait pour la première fois à La Monnaie dans le rôle de Klingsor : timbre de bronze, diction allemande impeccable, acteur plein de caractère dans ce rôle de maléfique et venimeux magicien.

Selig, Altiniglu et Van Machelen en répétition pour Parsifal La Monnaie / Bozar © Van Rompay – 

Les critiques sont plus divisées pour le Parsifal de Julian Hubbard. Pour Le Soir, c’est une révélation : on l’a souvent entendu à la Monnaie dans de petits rôles et il a pris son temps pour aborder des emplois plus lourds. Son Parsifal conjugue un mélange d’héroïsme et de clarté́ qui sert à merveille l’ambigüité́ de ce héros en devenir. Bachtrack est d’un avis totalement opposé : Quant au plateau vocal, il est de premier ordre à une très regrettable exception près, puisqu’elle concerne le Parsifal incarné par le jeune ténor britannique Julian Hubbard. Le Heldentenor est certes une denrée rare, mais ce qu’offre ce chanteur – par ailleurs musicien sensible et acteur crédible dans ce difficile rôle de « chaste fol » – est vraiment insuffisant. Même s’il a quelques rares beaux moments, comme ce bref éclat dans le fameux « Amfortas, die Wunde » ou à l’extrême fin de l’œuvre, la voix est petite, peu colorée et quasi dépourvue de ce métal comme de cette articulation mordante qui fait le ténor wagnérien. On s’en rend particulièrement compte à l’acte II, où il défend mollement sa vertu face à l’incandescente Kundry d’Elena Pankratova dont on se demande si elle ne va pas le manger tout cru.

Alain Altinoglu – © La Monnaie – Van Rompay

Mais le grand triomphateur de la soirée est Alain Altinoglu à la tête des chœurs et de l’orchestre de La Monnaie. Selon Forum Opera, ce qui frappe d’abord dans sa direction est son extrême clarté : des attaques nettes, un son toujours découpé, des départs marqués. Ceux qui aiment un Wagner impressionniste en seront pour leurs frais, mais l’expérience est diablement rafraichissante, et elle a l’avantage de capter l’attention du public avec aisance, ce qui est toujours plus délicat dans une version de concert, privée des sortilèges de la mise en scène. On suit donc les 4 heures et quelques du « festival scénique sacré » sans impression de longueur. D’autant que l’Orchestre symphonique de La Monnaie est bien décidé à apporter à son mentor tout ce qu’il peut donner en terme de qualité de timbres, de réserve de puissance, de transparence. Seul, Le Soir, mettra une nuance : l’orchestre, diantrement conduit par Atlinoglu, joue trop fort : un phénomène que l’on constate souvent quand il passe de la fosse de la Monnaie à l’estrade brillante de la salle Le Bœuf. Chez lui, il trouve son équilibre, jusqu’aux plus hauts moments d’intensité́, à Bozar la salle propulse sa sonorité́ à des niveaux de puissance proches de la saturation qui ne vont pas sans couvrir par moments les chanteurs. C’est là une relative faiblesse qui pourrait être rapidement corrigée.

La conclusion sera empruntée à Opera online : Un Parsifal de rêve au BOZAR de Bruxelles.

BvL