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Opéra de Lille : Tristan

« Je cherche en vain une oeuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde. Le monde est pauvre pour celui qui n’a jamais été assez malade pour goûter cette ‘volupté de l’enfer’ » – ainsi parlait Nietzche, qui s’y connaissait. De tous les opéras du monde, pourtant riches en paroxysmes, on n’en trouvera pas un qui symbolise mieux la passion sans limite, de deux êtres « donnés entièrement l’un à l’autre pour ne plus vivre que l’amour ».

Peu d’opéras aussi peuvent rivaliser avec les splendeurs orchestrales, déployées quatre heures durant par Wagner dans un souffle ininterrompu, jusqu’au sommet inégalé de l’art lyrique que représente la célèbre mort d’Isolde… Partisan d’un théâtre à la fois populaire et exigeant, associant avec une rare maestria l’engagement et la délicatesse, le metteur en scène Tiago Rodrigues a suscité l’enthousiasme du public et de la critique avec des spectacles qui concilient les grandes histoires et celles du quotidien, les déchirements contemporains et la force des tragédies antiques.

Pour sa première incursion sur une scène lyrique, le nouveau directeur du Festival d’Avignon se saisit de la figure des amants éternels pour écrire « une histoire de l’histoire », comme une archive sauvage pour mieux regarder notre temps. Ses héros ne sont ni naïfs ni pris au piège, ils revendiquent leur transgression et choisissent de vivre dans les marges leur amour impossible, comme une parenthèse enchantée. Au monde qui voudrait les poursuivre, Tiago Rodrigues rappelle l’avertissement du poète Hölderlin : « Ne trouble jamais la paix des amants ! ».

Opéra de Lille du 13 au 28 mars

Royal Opera House, Covent Garden, Londres : Der fliegende Holländer

De son ouverture orageuse à son final fracassant, Le Hollandais volant de Wagner vous entraîne dans les profondeurs de l’abime. Un homme est condamné à naviguer sur les mers pour l’éternité à moins qu’il ne trouve le véritable amour, et une femme déterminée à le sauver.

Saluée dans The Independent comme « une expérience immersive et immersive », la production sombre et pleine d’atmosphère de Tim Albery situe l’action dans une ville côtière moderne. Henrik Nánási dirige le premier chef-d’œuvre incontesté de Wagner, avec Elisabet Strid dans le rôle de Senta, pour ses débuts à la Royal Opera House, tandis que Bryn Terfel revient dans le rôle d’un Néerlandais mémorable « dont l’âme plonge au plus profond » (Financial Times).

Royal Opera House, Covent Garden du 29 février au 16 mars

 

Het Concertgebouw, Amsterdam : Die Walküre

Kent Nagano apporte une brique supplémentaire à son Ring ‘historiquement informé’.
Après le succès éclaté de Das Rheingold, Nagano et Concerto Köln reviennent à Amsterdam lors de la série des concerts en matinée du samedi pour Die Walküre, la deuxième partie du Ring des nibelungen dans une version sur instrument d’époque qui devrait sonner comme nulle autre …

Het Concertgebouw, Amsterdam, le 16 mars.

 

Opéra du Rhin : Lohengrin

Cela faisait trente ans que Lohengrin n’avait pas été mis à l’affiche de l’OnR. Cette production tant attendue est confiée au jeune metteur en scène Florent Siaud, qui souhaite mettre en avant la dimension politique d’une société troublée, en quête d’idéal et d’espoir. Il souligne notamment les dangers que représentent les rêves d’unification de la nation, symbolisés par un décor rappelant les cités antiques.

La musique de Richard Wagner est d’une richesse sans pareille. Citons notamment l’envoutant prélude orchestral et la célèbre marche nuptiale « Treulich geführt ». Plus de 70 artistes seront présents sur scène ! Le Chœur d’Angers Nantes Opéra rejoint le Chœur de l’OnR pour assurer toute l’étendue musicale de la partition. Dans la fosse, le chef Aziz Shokhakimov sera à la tête de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg.

En tête d’affiche, le grand ténor Michael Spyres chante pour la première fois le rôle-titre. Un événement très attendu, aussi bien pour le public que pour le chanteur : « Pour chanter Lohengrin, il faut un médium capable de passer un orchestre assez fourni, et une voix mixte, qui permette de donner toute son aura surnaturelle au personnage. », confie-t-il à Opéra Magazine.

La soprano sud-africaine Johanni van Oostrum retrouve le rôle d’Elsa, qu’elle a notamment chanté en début de saison à l’Opéra national de Paris. Anaïk Morel prend les traits d’Ortrud tandis que Josef Wagner incarne le comte Friedrich von Telramund. Toutes et tous de grandes voix qui siéent à merveille aux personnages wagnériens.

Opéra du Rhin, Strasbourg du 10 au 22 mars & Mulhouse du 7 au 10 avril 2024.

 

Prolongation du mandat d’Alexander Neef à la tête de l’Opéra de Paris

Le 28 février un communiqué du Ministère de la Culture français annonce que  « Sur proposition de Mme Rachida Dati, ministre de la Culture, le Président de la République a décidé de reconduire M. Alexander Neef dans ses fonctions de directeur général de l’Opéra national de Paris, au terme de son mandat actuel, et pour un second mandat courant jusqu’en 2032.

Ce nouveau mandat permettra à M. Alexander Neef de poursuivre son action pour inscrire l’institution, son patrimoine et sa créativité au cœur de la Cité. Il portera le chantier important de la rénovation technique et scénique des deux théâtres, le Palais Garnier et l’Opéra Bastille.

Il poursuivra la mise en œuvre d’un projet lyrique, symphonique et chorégraphique ambitieux et sa mission de formation, de transmission et d’éducation artistique et culturelle. Il renforcera le rôle de passeur du patrimoine et de la création en direction de tous les publics grâce au déploiement d’actions phares comme Opéra d’été ou la nouvelle plateforme de streaming Paris Opéra Play. »

 

Garanča prend sa retraite

La mezzo Elīna Garanča a longtemps réfléchi à mettre fin à sa carrière. Elle se considère comme une réaliste. Une carrière de dix à quinze ans est déjà une réussite exceptionnelle pour un chanteur, tandis que vingt-cinq ans de carrière – aussi longtemps que la sienne – relèvent presque du miraculeux. Malgré tout, elle continue d’apprécier son métier, même si ses genoux lui font mal. Les performances sur des scènes inclinées sont exigeantes, et chanter les mêmes rôles à répétition devient moins plaisant. Cependant, forte de son immense expérience, elle trouvera du plaisir à transmettre son savoir aux jeunes artistes.

Diapason : Elina Garanca envisage la fin de sa carrière 

Opera online : Elīna Garanča évoque sa fin de carrière