Nikolaus Harnoncourt avait une relation plutôt distante avec la musique de Richard Wagner. Il a exprimé à plusieurs reprises qu’il trouvait Wagner personnellement peu sympathique, mais il ne considérait pas cela comme un critère pour diriger sa musique. Il estimait que Wagner faisait partie des compositeurs qui racontaient principalement leur propre histoire à travers leur musique, ce qu’il percevait comme un « abus de l’art ».
Harnoncourt n’a dirigé des œuvres de Wagner qu’une seule fois, lors d’un concert en 1999 à Graz, où il a interprété le Prélude et Liebestod de Tristan und Isolde ainsi que l’Ouverture et Bacchanale de Tannhäuser. Il n’a jamais dirigé une œuvre complète de Wagner, bien qu’il ait envisagé à plusieurs reprises de s’attaquer aux *Maîtres chanteurs de Nuremberg*, projet qu’il a finalement abandonné.
Son approche musicale était fondamentalement opposée au style post-romantique, qu’il rejetait en faveur d’une interprétation plus historiquement informée. Il privilégiait les instruments anciens et une approche qui mettait en avant la clarté et la précision, ce qui contrastait fortement avec l’opulence orchestrale typique des œuvres de Wagner.
Nikolaus Harnoncourt avait une vision critique de Wagner, non seulement sur le plan musical, mais aussi sur le plan personnel et idéologique. Il rejetait le style post-romantique, qu’il considérait comme une déformation de l’art musical, et voyait en Wagner un compositeur qui racontait principalement sa propre histoire à travers sa musique, ce qu’il percevait comme un abus de l’art.
Sur le plan personnel, Harnoncourt était profondément marqué par son enfance en Autriche sous l’influence du nazisme. Il s’opposait fermement à toute forme d’autorité imposée et rejetait les idéologies totalitaires. Wagner, dont les idées ont été récupérées par le régime nazi, représentait pour lui une figure problématique. Bien qu’il ne rejetât pas totalement sa musique, il ne pouvait pas ignorer les implications historiques et idéologiques qui l’entouraient.
Lors d’une conversation avec Reinmar Wagner en février 1999, l’intervieweur lui a demandé
Et Richard Wagner ? Cet été, vous dirigerez pour la première fois à Graz une œuvre de lui.
Harnoncourt : Le fait que Wagner soit plutôt antipathique envers moi personnellement n’a pas grand-chose à voir avec le fait que je l’interprète ou non.
D’où l’importance de la question : pourquoi ne vous attaquez-vous qu’à Wagner maintenant ?
Harnoncourt : De toute façon, tous les chefs d’orchestre réclament Wagner. Le monde de la musique ne manque de rien si je n’y participe pas. Aussi, il y a quelques compositeurs qui ne me plaisent pas vraiment. Il s’agit, par exemple, de Lully, de Gluck ou de Berlioz. Cela inclut Richard Strauss, bien que je le considère comme le compositeur le plus doué après Mozart.
Et pourquoi n’avez-vous que peu d’utilité pour ces compositeurs ?
Harnoncourt : Ce sont des compositeurs qui ne parlent que d’eux-mêmes. Pour être honnête, je pense que c’est un abus d’art.
Mais la grande musique naît souvent précisément de ces expériences personnelles et de ces coups du destin.
Harnoncourt : Ce qu’un compositeur a lui-même expérimenté, c’est son matériau, à partir duquel il crée de l’art. Schubert en est un excellent exemple : tout ce qu’il a vécu et souffert est absorbé dans sa musique, mais il ne parle jamais de lui. Mais quand j’ai un Gustav Mahler ou un Hector Berlioz, j’entends seulement « je, moi, moi ».