© Die Meistersinger von Nürnberg II. Aufzug Ensemble und Chor der Bayreuther Festspiele. Musikalische Leitung: Daniele Gatti Regie: Matthias Davids Bühne: Andrew D. Edwards Kostüm: Susanne Hubrich Dramaturgie: Christoph Wagner-Trenkwitz Licht: Fabrice Kebour Chorleiter: Thomas Eitler de Lint

Des premières esquisses au texte définitif de la partition : les avatars du livret des Maîtres chanteurs :

par Pascal BOUTELDJA (@CRW Lyon, 1996) à lire sur le site du Musée virtuel Richard Wagner

Retour aux sources ! Une analyse parfaitement rigoureuse et passionnante de la genèse des Maîtres Chanteurs. Dans son article, Pascal Bouteldja met en lumière l’évolution du livret, depuis la première esquisse de 1845 à Marienbad – qualifiée de Komische Oper – jusqu’à la version définitive élaborée entre 1861 et 1867, marquant une transformation des thèmes dramaturgiques et philosophiques. L’article révèle que, dans cet intervalle, Wagner aura forgé cinq versions successives, non pour enrichir le drame, mais pour retravailler profondément sa vision esthétique et rhétorique. Il examine également le hiatus de trois années durant lequel la composition fut interrompue, avant de reprendre à Vienne puis à Munich, pour aboutir à l’achèvement complet du troisième acte fin octobre 1867 et à la première représentation le 21 juin 1868. Une étude fascinante à découvrir comme une exploration exigeante et sans fard des métamorphoses créatives d’une œuvre wagnérienne majeure.

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Voici un résumé structuré des principaux points de l’article

I. Genèse du livret des Maîtres chanteurs de Nuremberg

  • 1845 (Marienbad) : Wagner esquisse une première version en pensant à une comédie légère, inspirée par Hans Sachs et l’histoire littéraire allemande.
  • Projet abandonné au profit de Lohengrin, puis publié en 1851 dans Une communication à mes amis.
  • 1861 : Wagner reprend le projet après une visite à Nuremberg, rédige plusieurs scénarios en prose, puis le livret versifié.

II. Évolution des versions

  • Cinq versions successives entre 1845 et 1867, chacune modifiant les thèmes dramaturgiques et philosophiques plus que l’intrigue.
  • Les personnages et leurs noms évoluent (ex. Eva devient Emma, Beckmesser s’appelle Hanslich).
  • Le rôle de Hans Sachs se transforme : d’un gardien des lois bougon à un stratège bienveillant orchestrant l’union des amants.

III. Transformations musicales et poétiques

  • Le chant de concours de Walter change radicalement entre les versions : d’un poème épique à une vision poétique libre et inspirée.
  • Le quintette du baptême n’existe pas dans les esquisses, mais apparaît dans la version finale, probablement à l’instigation de Cosima Wagner.
  • Le Wahn-Monolog (monologue de la folie) s’affine dans sa forme et son contenu.

IV. Discours final de Hans Sachs

  • Dans le livret de 1862, Sachs appelle à la paix sociale entre noblesse et bourgeoisie.
  • Dans la version définitive, Wagner introduit une défense de l’art allemand contre l’influence latine (welsche), soulignant une volonté de préservation culturelle.

V. Interprétation globale

  • L’œuvre passe d’une satyre légère à une réflexion profonde sur l’art, la tradition, et la société.
  • Wagner, mûri par les années et les expériences (notamment Tristan et Isolde), insuffle à l’œuvre une sérénité et un optimisme inédits dans son corpus.

 

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