© Teatro alla Scala - Photo. Marco Brescia & Rudy Amisano

Le Wagnérisme en Musique :

« D’une bacchanale, l’autre … » ou « … de Vénus à Dagon »

Éléments pour une étude comparée de la Bacchanale de Tannhäuser (Richard Wagner, version parisienne de 1861) et de celle de Samson et Dalila (Camille Saint-Saëns)
Un article inédit de Nicolas CRAPANNE à lire sur le site du MUSÉE VIRTUEL RICHARD WAGNER

L’article « D’une bacchanale à l’autre : De Vénus à Dagon » explore la continuité chorégraphique et musicale reliant les bacchanales wagnériennes au renouveau orchestré par Saint Saëns. À travers une analyse minutieuse, l’auteur met en lumière la volonté de dépasser les excès dramatiques de Wagner sans pour autant renier son héritage. Loin d’une simple imitation, Saint Saëns entreprend une restructuration esthétique, raffinant la démesure pour en tirer une forme plus équilibrée et contrôlée. La comparaison entre les scènes de bacchanale wagnériennes, marquées par l’ampleur éruptive, et celles st saënsiennes, caractérisées par une rigueur stylistique, révèle une posture créatrice assumée et critique. Cet article propose ainsi de saisir comment le compositeur français dialogue avec le modèle germanique, oscillant entre hommage respectueux et affirmation d’une identité musicale propre. (NC)

Lire l’article sur le site du Musée virtuel Richard Wagner

 

Voici un résumé des principaux points de cette riche étude

Sujet général

L’article compare deux grandes scènes de bacchanale insérées dans des opéras par nécessité institutionnelle à Paris :

  • Tannhäuser (version parisienne de 1861) de Richard Wagner
  • Samson et Dalila (acte III) de Camille Saint-Saëns

Il explore comment une contrainte chorégraphique imposée (le ballet) devient pour chaque compositeur un levier dramaturgique puissant, révélateur de visions opposées du théâtre musical.

I. Contexte de création

  • Wagner, désireux de conquérir le public parisien, remanie Tannhäuser en y intégrant une scène de bacchanale dès le prologue : le Venusberg devient une expérience sensorielle immersive de la perdition.
  • Saint-Saëns, dans une tradition plus française, place sa bacchanale au cœur de l’acte III de Samson et Dalila, dans un esprit spectaculaire et structuré, avec un raffinement orchestral orientalisant.

II. Analyse comparative des didascalies

  • Chez Wagner : la bacchanale est un vortex de sensualité sans repères, une dissolution des identités dans un espace mythologique suspendu.
  • Chez Saint-Saëns : la scène est ritualisée, construite en tableaux progressifs, culminant dans une exaltation idolâtre claire et codifiée.

III. Orchestration contrastée

  • Wagner : flux chromatique continu, textures envoûtantes, instabilité harmonique — l’orchestre devient un vecteur d’extase.
  • Saint-Saëns : clarté thématique, structure rythmique rigoureuse, couleurs orchestrales affirmées — l’orchestre soutient la progression dramatique.

IV. Deux esthétiques du dionysiaque

  • Wagner propose une bacchanale introspective, sensorielle, où l’individu est englouti.
  • Saint-Saëns offre une bacchanale démonstrative, collective, presque distanciée, où la société elle-même est mise en scène.

Conclusion

Ces deux œuvres révèlent deux régimes esthétiques diamétralement opposés :

  • Wagner cherche la fusion totale, l’expérience immersive d’un théâtre du mythe.
  • Saint-Saëns affirme la clarté théâtrale, l’architecture dramatique et la distance critique.

L’un trouble, l’autre éclaire. Et tous deux transforment une contrainte en moment de vérité dramatique.

 

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