© La Monnaie- Die Walkure - Gabor Bretz_Marie-Nicole Lemieux © Monika Rittershaus -

Trois mois après son captivant Or du Rhin , voici une Walkyrie étonnamment classique dans la mesure où Castellucci raconte l’histoire au lieu d’extrapoler à partir d’elle. Mais il le fait avec son monde plastique et poétique, qui procède par associations, plusieurs leitmotive scéniques créant un réseau de fils souterrains.

Les éléments, d’abord: l’eau, avec ce tourbillon qui manque spectaculairement de submerger Siegmund dès le lever de rideau, début choc qui capte immédiatement l’attention ; la terre, qui envahit la scène à la fin de l’acte II pour engloutir le héros ; le feu, qui attend le dernier accord de l’orchestre pour enflammer l’anneau.

Alain Altinoglu se confirme en chef wagnérien de premier ordre, vif, clair, allant, scintillant, sans lourdeurs romantiques ni assèchement analytique. Sa souplesse de baguette est telle qu’il aide constamment les chanteurs, au risque de sacrifier l’élan lorsqu’il faut ménager le Siegmund de Peter Wedd, qui n’y arrive tout simplement pas: le vrai chef de théâtre.
Si l’on était parti avant la fin, on aurait trouvé le Wotan de Gabor Bretz un peu discret, quitte à ce que cela serve la vulnérabilité du personnage, mais visiblement il s’économisait pour arriver frais à la scène finale, qu’il sert avec un superbe dégradé de nuances.
Lire l’article de Christian Merlin sur le site du Figaro

 

C’est le plus populaire des quatre opéras du «Ring» de Wagner, et après la réussite du prologue, on était en droit d’attendre le même souffle de cette «Walkyrie» relue par Romeo Castellucci. Mi-réussite, mi-échec. À la décharge du metteur en scène italien, si les deux heures trente de «L’Or du Rhin» avançaient à vive allure pour camper les personnages, cette «Première journée» de «L’Anneau du Nibelungen» aligne les duos comme autant de palabres à la Wagner, librettiste parfois un rien longuet.
Un sentiment que renforce les choix minimalistes de Castellucci en termes de décors. Le premier acte fait un peu exception, avec une panoplie de meubles dans une semi- obscurité, que troue l’apparition iconoclaste d’un frigo (!). Une blancheur électroménagère qui nous emmène vers l’épisode fondateur du drame, le coup de foudre incestueux et adultérin entre Sigmund et Sieglinde, dans une lumière laiteuse et un espace vide.
Cette alternance scénique entre le noir et le blanc est encore renforcée par les costumes – panache éclatant pour Fricka en prêtresse moralisatrice, casques et uniformes noir cendre pour les Walkyries montant au Walhalla les corps nus couleur craie des héros défunts. Une proposition binaire à l’excès, qui finit par affadir la portée symbolique de certaines scènes, voire étouffe ce qui plaît (ou énerve) chez Wagner, sa grandiloquence théâtrale volontiers bravache.
Lire l’article de Stéphane Renard sur le site de L’Echo

 

Le dernier acte est sans doute le plus beau. Que ce soit l’impressionnante chevauchée immobile déployée par Romeo Castellucci ou le charnier des héros morts au combat, formant de saisissantes variations autour de la célèbre Pieta de Michel-Ange. Restés seuls, Brünnhilde et Wotan n’ont plus qu’à se dire adieu. Un immense écran blanc s’est peu à peu déployé en fond de scène, il vacille, s’obscurcit, et bascule lentement vers le sol. Ils sont dans les bras l’un de l’autre. La vierge guerrière a quitté son armure noire pour une longue chemise blanche, elle s’agenouille, pose sa tête sur les genoux paternels. Leur baiser est d’une étrange beauté. Il a mis l’épée sur elle, désormais gisante. Le feu est appelé, soleil rouge pâle des ciels nordiques, tandis que montent du sol des vapeurs grises, comme de la bouche d’un fleuve. La dalle de lumière se relèvera sur une résurrection, l’absence d’un corps et la blancheur d’un linceul. Wotan est seul, debout avec sa lance. Descendu des ceintres, un anneau s’embrasera soudainement laissant à l’orchestre les dernières lueurs rougeoyantes dans le noir.

Un cri et une standing ovation acclameront cet orchestre que galvanise depuis cinq heures (entractes compris) la direction charnelle et féline d’Alain Altinoglu, sculpteur de drame et de vie, au service d’un plateau vocal où certains ont laissé des plumes.

Lire l’article de Marie-Aude Roux sur le site du Monde

 

Côté distribution, la soirée va en s’améliorant. Par rapport à Rheingold, le Wotan de Gabor Bretz a gagné en autorité et en projection, et ses adieux sont d’une belle intensité même si la voix semble toujours un peu jeune et trop courte en graves. Dotée d’un vrai charisme malgré un costume peu évident, Marie-Nicole Lemieux est à nouveau fabuleuse de netteté et d’intelligibilité en Fricka, tandis qu’Ante Jerkunica est aussi incisif et convaincant en Hunding qu’en Fasolt. La Sieglinde de Nadja Stefanoff gagne en assurance au cours de la soirée, tandis que la Brünnhilde expérimentée d’Ingela Brimberg se révèle splendide après quelques mesures de mise en chauffe. Déception par contre que le Siegmund de Peter Wedd, timbre peu flatteur, héroïsme absent et puissance limitée.
Lire l’article de Nicolas Blanmont sur le site de La Libre

 

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Heel anders is de sfeer wanneer echte menselijkheid in het spel komt. De liefdesscène tussen Siegmund en Sieglinde vindt in stralend wit en tussen kleurige bloemen plaats, terwijl het zwaard Nothung (dat Siegmund tevoren niet uit de ‘essenstam’ maar uit Sieglinde zelf heeft getrokken!) even in de koelkast wordt gezet. Hier flirt Castellucci met het lachwekkende, maar het beeld blijft sluitend. Nog ontroerender is het moment waarop oppergod Wotan door zijn innerlijke conflict met Brünnhilde plots mens wordt. Hier zijn alleen nog vader en dochter als twee kwetsbare god-mensen aanwezig, zonder dat daar nog symboliek voor nodig is. Die sereniteit beheerst ook de slotscène, waarin Wotan Brünnhilde als het ware onder het licht begraaft.

Lire l’article de Sephan Moens sur le site du Morgen

 

Op het podium zeulen de acht in het zwart geklede Walkuren – half vrouw, half god – met naakte mannenlijken. Zonder mededogen. De mannen waren helden, gesneuveld op het slagveld. De Walkuren verzamelen de doden te paard – ook allemaal zwart op het podium – om ze daarna achteloos op te stapelen, klaar voor transport naar het Walhalla. Daar zullen ze toetreden tot het leger van de oppergod Wotan.

Het tableau dat Romeo Castellucci schildert, is betoverend mooi. Het spel van het licht (de blanke mannenlijven) en donker (de Walkuren) lijkt een schilderij van Caravaggio. Je kijkt in bewondering naar een verstild tafereel, terwijl de Walkuren met hoge stem elkaar opjutten en dirigent Alain Altinoglu het orkest van De Munt in volle galop door de partituur loodst.

Lire l’article de Koen Van Boxem sur le site du Tijd

 

« Gewalt ist die Basis des Lebens », zeigt sich Castellucci im Programmheft überzeugt, und dass das Schöne nie anmutig sei, sondern immer auch schrecklich. Entsprechend reichlich, nein, nicht blüht, sondern fließt das Wälsungenblut: Sieglinde, von Nadja Stefanoff bewundernswert textverständlich, aber mit zu gerader, farbarmer Stimme gesungen, und Siegmund (mit gaumigem, oft zitterndem Ton: Peter Wedd) wälzen sich geradezu darin. Doch selbst feste Gestalten scheinen sich zu verflüssigen, wenn der Bodenkreis des Beginns sich im Hochziehen in ein allsehendes Auge – des guten Wotan oder des bösen Hunding? – verwandelt, wenn erst mit dem Einzug des Hausherrn die üppigen Möbel von Hundings Hütte hereinwandern und sich gegenseitig durch die Gegend schieben.
Die Bilder sind verstörend, betörend und schön bis an die Grenze des Kunstkitsches
Womit sich Castellucci auch einen eigenen Bildrhythmus innerhalb des Wagner’schen schafft, letzteren auch manchmal übergeht. Etwa, wenn Siegmund das Schwert aus Sieglinde selbst herauszieht und es dann wie ein nutzloses Requisit in einen wandernden Kühlschrank verfrachtet. Eines aber kann man diesen Bildern nie abstreiten: dass sie groß sind, roh und genau gearbeitet, pur und technoid, verstörend und betörend, aggressiv und packend, gewaltig mit dem Nebensinn von Gewalt und schön bis an die Grenze des Kunstkitsches. Was zumal für das letzte gilt, in dem sich mit Wotans Abschied von Brünnhilde eine der berührendsten Szenen des « Ring » ereignet: Schwarz in Schwarz begegnen sich Vater und Tochter zunächst, bevor sich der Hintergrund strahlend erhellt, Brünnhilde das schwarze zugunsten eines weißen Kleides abstreift und Wotan unter Nebelschwaden davonschreitet.

Lire l’article de Michael Stallknecht sur le site du Süddeutsche Zeitung