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LA VIE ET L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER …. LA VIE

Il y a 150 ans… Mariage en temps de guerre
La consécration de l’union de Richard avec Cosima.  En petit comité … déjà à l’époque ! Les images de la vidéo sont splendides.

 

Alors qu’éclatait la guerre entre la France et la Prusse le 19 juillet 1870, quelques semaines plus tard, le 25 août, jour anniversaire du roi Louis II de Bavière (et aussi de Judith Gautier, future marraine de Siegfried) un autre événement majeur, quoique plus intime, se déroulait à Lucerne : Richard Wagner épousait Cosima von Bülow, le divorce avec son premier époux, Hans, ayant enfin été prononcé en juin à Berlin. Richard confiait le 21 août au conseiller de Louis II, Düfflipp :

« Avoir la possibilité de choisir cette date, si indiciblement chargée de
signification pour nous, pour célébrer notre mariage nous apparut
comme un signe solennel du destin, que nous avons joyeusement
accueilli comme une marque de bénédiction
 ».

Comme cadeau d’anniversaire, il adressa au roi un poème qui chantait les louanges de Louis II, engageant son pays dans la lutte pour la liberté de l’Allemagne, ainsi qu’une copie, due à Richter, de l’esquisse orchestrale du Crépuscule des Dieux qui allait jusqu’à la fin du premier acte (Le 2 octobre 1867, Wagner avait commencé à composer la scène des Nornes et le premier acte fut composé et orchestré en trois mois).

Dès 7h du matin un petit cortège se dirigea vers l’église protestante Saint Mathieu de Lucerne. Les filles de Cosima, Daniela et Blandine, poussaient le petit Siegfried dans son landau et disaient en riant à leur mère : « tu te maries avec oncle Richard ». Le roi Louis II, absent et bien occupé par la guerre, envoya un télégramme d’Hohenschwangau, dans lequel il affirmait être plus que jamais présent par l’esprit ; Mathilde Wesendonck, un bouquet d’édelweiss et Franz Liszt, « Un petit autel de l’ange gardien ». Judith Gautier et son époux, Catulle Mendès, ne purent se rendre à Lucerne pour la cérémonie ; la fille de Théophile expliquant dans la lettre qu’elle adressa aux futurs époux que Catulle, engagé dans la garde nationale, serait considéré comme déserteur s’il quittait Paris. Nietzsche aussi se trouvait en France, mais sur les champs de bataille, soignant les blessés… c’est ainsi que ce mariage se déroula en tout petit comité ; les seuls présents furent les témoins, Mawida von Meysenbug et Hans Richter, ainsi que les voisins du couple, le comte et la comtesse Bassenheim et les deux filles ainées de Cosima. Cette dernière aurait souhaité que ses autres enfants, fruit de son union avec Richard, soient présents, mais Isolde était au lit avec une grosse fièvre et Eva resta auprès d’elle pour lui tenir compagnie.

Que signifia aux yeux des nouveaux époux ce mariage ? Pas beaucoup plus, à vrai dire, que la confirmation officielle d’un fait établi ; Cosima avait rejoint le père d’Isolde et d’Eva définitivement avec toutes ses filles depuis le 16 novembre 1868. ! Néanmoins, Wagner écrivit :

« Comme il est agréable ce jour où nous avons été unis ;
c’était comme si toutes les misères disparaissaient de ma vie…
je m’y suis pris tout autrement que Wotan et Hans Sachs,
j’ai épousé d’un seul coup Bünnhilde et Eva ; je leur fais dire
de bonnes et excellentes choses mais je me garde bien de les suivre ».

Et puis, il était tellement heureux, comme il le confiera à François Wille de pouvoir la nommer désormais « Frau Wagner », encore que, dans ses moments d’inattention, il lui arrivât de parler d’elle aux domestiques, en l’appelant « madame la baronne ». Très respectueux des convenances, Richard attendit patiemment la consécration légale de son union avec Cosima pour rendre visite en famille aux anciens de Zürich. Les Wille, les amis de toujours, en ont eu la primeur à la fin du mois d’aout, puis en octobre c’est au tour des Wesendonck et Sulzer. Quant à Cosima, elle ne profita pas plus de son nouveau statut social pour sortir avec plus de liberté en ville. Elle s’était si bien adaptée à sa vie de recluse que toute sortie dans le monde extérieur lui coûtait beaucoup d’effort : elle se satisfaisait pleinement de sa vie de mère de famille. Probablement que le manque affectif qu’elle avait connu dans son enfance lui dictait de créer un foyer calme et paisible dans lequel son génial époux pourrait travailler au mieux et où elle pourrait s’occuper de l’éducation de ses enfants. Wagner, lui-même était formidablement heureux avec eux : « Sans eux, nous serions trop sérieux » et il était tellement amoureux… Il demeurait un amant attentionné et lui prouvait sans cesse qu’elle était l’élément essentiel de sa vie, comme en témoignent tous les petits mots d’amour signés Richard qui parcourent son Journal. Il l’appelait « son cher indispensable » et Cosima glissait souvent entre les pages de ce même journal les fleurs sauvages qu’il avait cueilli à son attention… « Frau Minne kenntest du nicht ? » chante Isolde…

Pour revivre en images ces moments, un petit film (en allemand mais les images sont belles…) :

https://www.youtube.com/watch?v=-ve7FgwUVTE&feature=share&fbclid=IwAR1OHBJ6rbVvXi4qydEF_YPcFFAzOHJs-JSQviZZFmY5fmIJCQWTdjVzM9w

Pascal Bouteldja
Cercle Wagner de Lyon