Le prochain numéro de notre revue devrait vous arriver dans les jours qui suivent. Ce numéro a été écrit par Jacqueline Guisset, membre de notre cercle. Son titre : Henry de Groux et Wagner.

Les opéras de Richard Wagner n’ont pas seulement transformé le monde musical mais dès la création des oeuvres, le monde littéraire et pictural s’est pris de passion pour son univers. Dans les milieux littéraires, les hommages et les prises de position favorables ou non abondent. Dans la peinture, un grand nombre d’artistes très divers introduisent le compositeur et ses héros dans leur travail. Le romantisme exacerbé de Wagner touche des peintres tels que Eugène Delacroix (1798-1863) qui propose une vision très orientaliste de Tannhäuser au Venusberg en 1861 ou le grand peintre viennois Hans Makart (1840-1884), d’abord méprisé par Wagner malgré la grande admiration que le peintre éprouvait pour le musicien, puis pressenti pour assurer la mise en scène de la Tétralogie à Bayreuth et qui laisse huit grandes visions échevelées de diverses scènes du Ring. Si l’on peut être surpris d’apercevoir Renoir (1841-1919) dans la cohorte des portraitistes de Wagner, ce sera surtout l’univers des peintres symbolistes qui va trouver dans ses opéras une inspiration quasiment illimitée. La reprise de héros médiévaux, les sentiments et émotions traduits dans les partitions ont inspiré des images qui figurent parmi les meilleures des créations de cette période. Henry de Groux, à sa manière tourmentée, appartient à cette mouvance picturale.

Durant toute sa vie, le peintre symboliste belge Henry de Groux (1866-1930) s’est montré passionné par l’oeuvre, la vie et la personnalité de Richard Wagner qu’il n’a jamais rencontré, au point parfois d’identifier son comportement personnel à celui du compositeur. Dans toutes les techniques qu’il a abordées, Henry de Groux, a laissé un grand nombre de portraits de Wagner mais aussi des interprétations très personnelles des opéras du maître. Une grande partie de sa vie se déroule dans le milieu parisien et, s’il n’aime pas trop les peintres de son temps, il fréquente assidûment les milieux littéraires qui participent à l’aventure wagnérienne en France. L’étude attentive de ses relations permet de comprendre et d’éclairer la fascination exercée par le musicien sur le peintre.
Le caractère torturé de ce bel artiste se reflète dans une production qui se démarque de celle de l’ensemble des peintres symbolistes de l’école belge. Pastelliste extraordinaire, de Groux nous laisse des images d’une grande violence, d’une richesse chromatique éblouissante qu’il place au service de ses sources d’inspiration qui ne se limitent pas à la musique. La Divine comédie de Dante revient comme une obsession infernale, de même que Napoléon ou encore César et Brutus.

La suite, bientôt dans votre boite aux lettres.