© Shutterstock - Fontaine de la Rotonde, Aix-en-Provence
Salomé
- Elsa Dreisig triomphe à Aix, La Libre 7 juillet 2022 Quant à la distribution, c’est le rêve absolu. À commencer par la tenante du rôle-titre, la soprano franco-danoise Elsa Dreisig, dont la voix, l’allure, le caractère confèrent à l’adolescente Salomé une grâce irrésistible, mélange de fragilité et de grandeur. « Son échec doit éveiller de la pitié bien plus que de l’horreur », écrivait Strauss, Dreisig y arrive, dans la beauté, sans jamais forcer la voix, c’est la quadrature du cercle, le public lui témoigna sa reconnaissance par une immense ovation. Le baryton-basse hongrois Gabor Bretz, voix chaude et expression convaincante, campe un Jochanaan du genre activiste, bourru et séduisant, et le ténor britannique John Daszak se confirme en Hérode d’anthologie, par la voix, le jeu, la juste ambiguïté. Angela Denoke est la plus classieuse des Hérodiade, chic et cruelle, et en Narraboth amoureux, le ténor Joel Prieto est d’une présence intense (quoique courte…).
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https://www.lalibre.be/culture/musique/2022/07/07/elsa-dreisig-triomphe-a-aix-XD4FHBXO6ZCB5H5T3U4OC2TRXA/
- Au festival d’Aix, la soprano Elsa Dreisig enchante Salomé, Le Figaro, 6 juillet 2022 Quand on a lu qu’Elsa Dreisig allait interpréter la Salomé de Richard Strauss à Aix-en-Provence, on a d’abord cru à une plaisanterie. On a ensuite vérifié si c’était une version de chambre. Avant de conclure: «C’est de la folie.» Ce fut un miracle. On a beau savoir que Strauss voulait une Salomé juvénile et non un panzer wagnérien pour incarner un personnage de 16 ans ; on a beau savoir que Ljuba Welitsch, la plus grande Salomé du XXe siècle, avait une voix enfantine qui franchissait pourtant le rideau sonore de 110 musiciens réuni par Strauss, rien à faire: on n’y croyait pas.
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https://www.lefigaro.fr/musique/au-festival-d-aix-la-soprano-elsa-dreisig-enchante-salome-20220706
- Au Festival d’Aix-en-Provence, le triomphe de la jeunesse avec la Salomé d’Elsa Dreisig, Le Monde 7 juillet 2022 La beauté des tableaux entre romantisme et symbolisme (la tête de Jean-Baptiste chantant sur la nappe blanche du banquet d’Hérode), la lune omniprésente, l’ambivalence charnelle des rapports entre la jeune fille et le prophète – comment imaginer qu’il ne soit pas tenté lorsqu’elle se glisse, demi-nue, dans la citerne pour le toucher ? – donnent à l’opéra une atmosphère étrange et poétique tandis que la mise en scène contourne habilement les passages obligés, dont cette « Danse des sept voiles » de l’inconscient, annonciatrice de mort, physiquement relayée dans la fosse par un Orchestre de Paris transcendé par le raffinement survolté de la direction d’Ingo Metzmacher.
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https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/07/07/au-festival-d-aix-en-provence-le-triomphe-de-la-jeunesse-avec-la-salome-d-elsa-dreisig_6133761_3246.html
- Diapason – À Aix-en-Provence, Elsa Dreisig fascine en Salomé lunaire
Andrea Breth joue sur cette lenteur, fait de la lune « le véritable protagoniste de l’opéra », sa direction d’acteurs imposant une grande économie, à la limite, parfois, du hiératisme. Cela suffit pour esquisser subtilement les rapports entre Salomé et Jokanaan, à travers quelques gestes, simples effleurements de mains, d’une éloquente timidité – on ne saura pas, non plus, ce qui se passe quand elle le rejoint un moment dans la citerne. Organisé en tableaux enchaînés par de lents glissements plus qu’il ne raconte une histoire sulfureuse au rythme haletant, le spectacle, sans convaincre toujours totalement comme Jakob Lenz il y a trois ans, fascine par son mystère nocturne, son onirisme ténébreux.
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https://www.diapasonmag.fr/critiques/a-aix-en-provence-elsa-dreisig-fascine-en-salome-lunaire-28408.html#item=1
- Classica – Une Salomé historique
Elsa Dreisig, que rien ne semble effrayer, tournait depuis quelques années autour du rôle, ayant déjà même enregistré la scène finale en version française. C’est autour d’elle que Pierre Audy a choisi de monter l’œuvre, avec l’aide d’un des chefs les plus subtils qui soient pour le répertoire du début du XXe siècle, Ingo Metzmacher et une metteuse en scène attentive au détail de la direction d’acteur autant qu’à l’impact des images qu’elle crée, Andrea Breth, dont Aix a salué en 2019 l’extraordinaire Jakob Lenz de Wolfgang Rihm.
Résultat exceptionnel, car tous deux ont pris en compte les qualités propres de la jeune chanteuse de 31 ans, qui s’est révélée une Salomé hors norme, mais absolument captivante. A-t-on jamais vu une princesse aussi pâle, conformément au texte de Wilde, aussi lunaire que le blanc de la robe qui montre et suit sensuellement, et tout aussi innocemment, son physique gracile, mais passionné ? Son investissement fait d’elle non une actrice qui joue, mais une jeune femme qui s’autodétruit, déchirée et comblée tout autant par ce qu’elle découvre, au point d’aller sans perversité aucune jusqu’au bout de tout, joindre logiquement Éros à Thanatos.
Un OVNI scénique aussi, intense, ébloui, qui joue de son physique jusqu’à la mèche de cheveux blonds qui souligne un geste autant qu’une phrase de l’incroyable scène finale.
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https://classica.fr/une-salome-historique/
- Avant-scène Opéra – Salomé
La grande sobriété de ces décors successifs (Raimund Orfeo Voigt) et le fil conducteur de la lumière (Alexander Koppelmann) – de la pénombre initiale, à l’éclairage cru de la fin, en passant par l’insupportable grisâtre intermédiaire – servent avec austérité et puissance le propos de la metteuse en scène et soulignent une direction d’acteurs au cordeau. Le drame de Salome devient ici l’isolement radical auquel mènent les échecs amoureux, ce que raconte encore une danse des sept voiles où le personnage se démultiplie, chutant, défunt objet d’un convoi funèbre, ou encore violentée par celui qu’elle aime. Après tout, l’amertume à laquelle goûte Salomé sur les lèvres de Iokanaan n’est-elle pas « le goût de l’amour » ? La beauté de la proposition scénique emporte l’adhésion parce qu’elle est doublée d’une réalisation musicale de haut vol. À la tête d’un orchestre de Paris en forme superlative, Ingo Metzmacher propose une lecture précise et débarrassée des traditions d’interprétation post-romantiques. Utilisant la partition corrigée par Richard Strauss en 1929 pour limiter l’importance de l’orchestre et ainsi rendre le rôle-titre praticable aux jeunes artistes pour mieux correspondre à l’intention de représenter un personnage juvénile.
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https://www.asopera.fr/fr/productions/4295-salome.html
Moïse et Pharaon
- Festival d’Aix-en-Provence : le « Moïse et Pharaon » de Tobias Kratzer annonce le naufrage du modèle occidental, le Monde du 8 juillet 2022
Donné pour la première fois au Festival d’Aix-en-Provence, le Moïse et Pharaon de Rossini, loin de la veine bouffe à laquelle est associé trop souvent – mais non sans raison – le compositeur du Barbier de Séville, accaparait la deuxième des soirées du Théâtre de l’Archevêché, jeudi 7 juillet. Une proposition confiée au metteur en scène allemand Tobias Kratzer, auteur du Faust d’anthologie qui termine la saison à l’Opéra de Paris où la vaste fresque rossinienne a été créée en 1827 (à l’époque, salle Le Peletier), adaptation française avec ballet obligé, du Mosè in Egitto napolitain de 1818. Œuvre monumentale qui témoigne de la vitalité rossinienne, ouvrant la perspective du grand opéra de Meyerbeer, tandis que les chœurs hébreux annoncent le Nabucco de Verdi. L’article complet
https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/07/08/festival-d-aix-en-provence-le-moise-et-pharaon-de-tobias-kratzer-annonce-le-naufrage-du-modele-occidental_6134037_3246.html
- Festival d’Aix: «Moïse et Pharaon», mers de toutes les batailles, Libération du 8 juillet 2022
Si l’œuvre peut déconcerter ceux qui ne l’ont pas vue à Garnier en 1983, en version de concert au festival de Saint-Denis en 1991 ou l’an dernier au festival de Pesaro, c’est avant tout par son caractère composite. Avec ses onze prières, accompagnées d’ostinatos de harpe, de cordes et de vents élégiaques, l’ouvrage est un quasi-oratorio. Quant au livret, signé Luigi Balocchi et Etienne de Jouy, il reprend l’intrigue amoureuse fantaisiste entre la nièce de Moïse, baptisée Anaï, et Aménophis, le fils du Pharaon, déjà présente dans Mosè in Egitto, que le librettiste Andrea Leone Tottola avait puisée dans une tragédie sacrée de 1760.
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https://www.liberation.fr/culture/musique/festival-daix-moise-et-pharaon-mers-de-toutes-les-batailles-20220708_L2LTGOTIYVFYVD3ZBVCUAEZ7QU/
Idomeneo
- Idoménée partagé entre la Crète et le Japon au Théâtre de l’Archevêché d’Aix-en-Provence, Olyrix du 7 juillet 2022
Satoshi Miyagi est en premier lieu un important metteur en scène de théâtre japonais, totalement imprégné des codifications et traditions millénaires encore hautement préservées aujourd’hui au sein du pays du soleil levant. Il s’applique à mettre en valeur l’esthétisme particulier de son île natale dans une approche certes modernisée et effectivement plus actuelle. Ce sont ces différentes influences profondes et complémentaires qui caractérisent ses réalisations scéniques, notamment des tragédies grecques qu’il a beaucoup étudiées. Malgré une carrière déjà bien remplie, il a peu touché au monde de l’opéra, même s’il s’avoue particulièrement intéressé par l’opera seria.
Pour Idoménée, Satoshi Miyagi a développé un parallèle intriguant entre le texte des situations exposées au sein de l’opéra de Mozart et la situation du Japon en 1945 dans un pays vaincu et moribond. Idoménée au-delà des épreuves reste en place, cédant toutefois son trône à son fils, tout comme l’Empereur Hirohito dont la lignée se trouve préservée pour la future stabilité du pays par le vainqueur américain représenté par le Général MacArthur. Le metteur en scène place délibérément le chœur au cœur même de l’action, masse de soldats japonais fourbus et dépenaillés, encore revêtus de leurs habits de camouflage comportant branches d’arbres et herbes démesurées, sorte de défunts éternellement errants. Les dominant de toute la hauteur de leurs privilèges, le Roi Idoménée, son fils Idamante et la fragile Ilia, fille de Priam souverain de Troie, s’expriment depuis le dessus de sortes de cages triangulaires mobiles, souvent en mouvement sur la scène et donnant quelque peu le vertige
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https://www.olyrix.com
/articles/production/5935/idomenee-roi-de-crete-idomeneo-mozart-theatre-archeveche-festival-aix-en-provence-6-juillet-2022-critique-compte-rendu-pichon-miyagi-kiz-deschene-yoshimoto-kitamura-spyres-bonitatibus-devieilhe-chevalier-vrielink-spicer-stavrakakis-carlier-pygmalion
- Au Festival d’Aix-en-Provence, l’« Idomeneo » de Mozart pris au piège de la débâcle japonaise de 1945, Le Monde du 7 juillet 2022
Les chanteurs semblent vocalement empêchés. Tel l’Idomeneo sans éclat de Michael Spyres, dont le fameux « Fuor del mar » n’est pas à la hauteur du style fast and furious qui caractérise habituellement le grand ténor américain. Déception relative également pour l’Idamante sans âme d’Anna Bonitatibus, l’extrême raffinement un peu vain du chant de Sabine Devieilhe en Ilia. Seuls l’Arbace lunaire de Linard Vrielink ou l’Elettra véhémente de Nicole Chevalier, prêtresse de la nuit et de la vengeance, rendent à Mozart cette vie que Raphaël Pichon déploie de manière si sensible et palpitante à la tête de son ensemble Pygmalion.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/07/07/au-festival-d-aix-en-provence-l-idomeneo-de-mozart-pris-au-piege-de-la-debacle-japonaise-de-1945_6133809_3246.html
Festival d’Aix
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