Annoncé précédemment, le Ring de Bayreuth 1956, sous la direction somptueuse de Hans Knappertsbusch, est paru.

Dans l’ensemble, on peut parler d’une version de référence enregistrée les 13.14, 15 et 17 août 1956 : soit jour pour jour (sauf pour Siegfried qui a un jour de décalage). 80 ans après la création mondiale de ce monument à Bayreuth.

Nous ne citerons que les noms des interprètes principaux : Hans Hotter (Wotan), Astrid Varnay (Brünnhilde et 3ème Norne), Wolfgang Windgassen (Sigmund et Siegfried). Gré Brouwenstijn (Sieglinde, Freia et Gutrune), Gustav Neidlinger (Alberich), Paul Kuen (Mime), Josef Greindl (Fasolt, Hunding et Hagen), Jean Madeira (Erda, Rossweisse et 1ère Norne). Georgine von Milinkovic (Fricka et Grimgerde), Ludwig Suthaus (Loge), Hermann Uhde (Gunther)…

Ces mémorables représentations faillirent souffrir de problèmes dûs à des indisponibilités d’artistes tombés malades : le rôle de Siegmund était prévu pour Ramon Vinay : à la dernière minute, et donc sans répétition. Wolfgang Windgassen le remplaçait au pied levé et interprétait son premier Siegmund à Bayreuth, qui venait s’ajouter à ses huit Stolzing des Meistersinger et à ses deux fois deux Siegfried, ce qui explique les quelques dérapages à la fin du 1er acte de la Walküre.

Le rôle de la 3ème Norne était normalement attribué à Martha Madl qui fut remplacée par Astrid Varnay qui n’eut que le temps de courir en coulisse pour se changer après la 1ère scène du Prologue du Götterdämmerung pour réapparaître immédiatement en Brünnhilde dans la seconde scène. Bayreuth reste toujours un centre d’émerveillement et d’admiration pour les prodiges y réalisés …

Pas d’affolement lors de l’écoute, la numérotation des CD a subi une inversion de séquence : le n° 9 vient en 7ème position et le n° 7 en 9ème. mais rien ne manque! (Golden Melodram -GM 1.001. 14 CD. 15hres 20′ 17″ applaudissements compris),

La même marque vient de sortir le Lohengrin enregistré à Bayreuth en 1959 et dirigé par Lovro von Matacic. Les six rôles principaux sont un éventail international de grands noms : Sandor Konya (Lohengrin), Elisabeth Grümmer (Elsa), Franz Crass (Konig Heinrich). Ernest Blanc (Telramund). Rita Gorr (Ortrud). Eberhard Waechter (Heerrufer), les choeurs sont dirigés par Wilhelm Pitz.

Magnifique interprétation dominée par les deux principaux protagonistes. Dommage que Ortrud soit souvent à la limite du cri (peut-être y a-t-il eu des problèmes de captation ou de micros ?). ,mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un enregistrement sur le vif et, donc, non corrigé. (Golden Melodram-GM 1.0002 -3CD (3 hres 26’21 »).

Annoncé depuis longtemps, puisque enregistré en avril et mai 1994, et nous promis par James Levine lors de notre entretien à Bayreuth en août dernier pour septembre ou octobre 1996, vient enfin de sortir son Fliegende Holländer enregistré au Metropolitan de New-York avec James Morris (Hollander), Deborah Voigt (Senta), Birgitta Svendén (Mary) qui est, rappelions-le, la nouvelle Magdalena des Meistersinger. la superbe Erda actuelle et la 1ère Nome à Bayreuth où elle commença toute jeune en 1983, Ben Heppner (Erik), Jan-Hendrik Rootering (Daland), Paul Groves (Steuermann). Certains passages souffrent de la lenteur de direction, ce qui explique une Ouverture en 12 minutes, l’Air du Hollander au 1er Acte en 12’37 », le magnifique duo Holländer-Senta au 2ème Acte en 17’31 »! La Mary de Birgitta Svendén est remarquable, on regrette que son rôle ne soit pas plus long … (Sony-S2K 66342 -2 CD -2hres 32’07 » !)

Une remarquable anthologie consacrée à l’inoubliable Birgit Nilsson vient de voir le jour, réunissant des extraits d’œuvres des « deux Richard », De Strauss, le Grand Air d’Ariadne (chanté en suédois en 1949), la formidable scène finale de Salomé, avec Fritz Uhl et Grace Hoffman (au Colon de Buenos-Aires en 1965), la grandiose scène de la reconnaissance entre Elektra et Oreste avec Siegmund Niemsgern (à Munich en 1977) et l’Apocalypse qui termine l’Acte Il de Die Frau ohne Schatten avec Theo Adam, Astrid Varnay, Ingrid Bjoner (également à Munich en 1977),

Ensuite Wagner : Entrée d’Elisabeth au 2ème Acte de Tannhäuser (à Stockholm en 1961), la scène poignante entre Elsa et Ortrud au 2ème Acte de Lohengrin avec Astrid Varnay (à Bayreuth en 1954), le début de l’Acte Il de Tristan avec Grace Hoffman (à Florence en 1957), la sublime Mort d’Isolde (à Orange, en 1973), la passionnée scène finale de l’Acte 1 de la Walküre avec Set Svanholm (à Hambourg en 1953), le lumineux duo final de Siegfried avec Hans Hopf au MET de New-York en 1969) et enfin, en couronnement de cet éventail grandiose, le prodigieux Final du Götterdämmerung (à Bayreuth en 1960), Un document indispensable qu’on ne se lasse plus d’entendre et de réécouter (GALA-GL 100,535 -2 CD 74’24 » et 76’29 »).

Venons-en aux Wesendonck-Lieder.

Enfin réédité, l’enregistrement de 1984 avec Ingrid Bjoner, l’inoubliable soprano de Munich, qui fut en 1960 Freia, Helmwige et Gutrune à Bayreuth où elle revint 26 ans plus tard pour Isolde, ici accompagnée au piano par Einar Steen-Nokleberg, Ce très beau récital est complété par 9 Lieder de Sibelius plus 16 Lieder de Schumann, ces derniers interprétés par le baryton Kaleviolli (Brioso BR 103 -63’33 »),

Une autre réédition très intéressante est celle réalisée en 1983 par Magdaléna Hajossyova avec l’orchestre Philharmonique Slovaque dirigé par Libor Pesek, dans l’orchestration classique de Felix Mottl pour les quatre premiers et celle de Wagner pour le cinquième, En complément, non négligeable, les Vier letzte Lieder de R. Strauss. (OPUS n° 9152 1511, 45’28 »),

 

Dans la même orchestration, nous vient du Canada l’enregistrement en 1993, par la mezzo Linda Maguire accompagnée par l’Orchestre de Radio-Canada de Vancouver dirigé par Mario Bernardi.

L’intérêt de cette version provient également de son couplage avec les Nuits d’Eté de Berlioz, le Coucher de Soleil de Respighi et d’une découverte pour nous Européens : les Quatre Chansons Irlandaises de la femme-compositeur canadienne Jean Coulthard. Un document donc intéressant à plus d’un titre, (Les Disques SRC ou CBC Records n° SMCD 5137 -76’24 »).

Revenons à la version originale pour piano avec la nouvelle Gutrune de Bayreuth 1996, la soprano Anne Schwanewilms qui, peu avant son premier départ pour la Colline Verte, a enregistré l’œuvre, accompagnée par Falko Steinbach. Elève de Hans Sotin, lauréate de plusieurs concours, remarquée dès 1989 par Birgit Nilsson, elle apparaît sur diverses scènes, non seulement d’Allemagne, mais également d’Europe. Son présent récital est complété par les Proses lyriques de Debussy (Ambitus n°amb 97982 -41’01 »),

Un très intéressant récital est consacré une fois de plus aux « deux Richard » par la talentueuse jeune soprano danoise Elisabeth Meyer-Topsoe accompagnée par l’Orchestre Philharmonique de Copenhagen dirigé par Hans Norbert Bihlmaier. Après des études chez Birgit Nilsson, elle est engagée dès 1990, à Nüremberg par le Berlinois Christian Thielemann pour y interpréter Elisabeth, Senta et Euryanthe. En 1994, elle laisse un remarquable souvenir de ses prestations de Freia et de la 3ème Nome lors du Ring dirigé par Jeffrey Tate au Châtelet de Paris, année où elle réalise également un superbe enregistrement des Wesendonck-Lieder et des Vier letzte Lieder.

Son programme de ce nouveau CD est fort intéressant : Ballade de Senta, Entrée et Prière d’Elisabeth, Rêve d’Elsa, Mort d’Isolde, deux airs de Sieglinde au 1er Acte de la Walküre. En ce qui concerne Strauss : deux grands airs d’Ariane et le Final du 1er Acte d’Arabella. Si certains pièges ne sont pas toujours évités, soyons convaincus qu’ils le seront à l’avenir. (Kontrapunkt n° 32249 -59’41 »).

Voici à présent, enregistré en mai 1996, un document extrêmement intéressant, sortant partiellement des sentiers battus. Michel Plasson, à la tête de la Dresdner Philharmonie, dirige d’une manière magistrale la Faust-Ouverture, le Festgesang « Der Tag Erscheint » (poème de Christoph Christian Hohlfeld), non pas la version a cappella, mais celle avec cuivres, la Musique Funèbre « An Webers Grabe », la Siegfried-Idyll, la Trauersinfonie sur des motifs d’Euryanthe et le monumental Liebesmahl der Apostel.

Pas moins de trois chorales prêtent leur concours aux trois extraits chantés : les Mannerchëre des Singvereins der Gesellschaft der Musikfreunde Wien, les Mannerchëre des Wiener Kammerchëres, dirigés par Johannes Prinz et les Mannerchëre des Philharmonischen Chëres und Jugendchëres Dresden dirigés par Matthias Geissler et Jürgen Becker. Il s’agit d’un enregistrement indispensable à toute discothèque wagnérienne (EMI n° 7243 5 56358 2 2 – 74’32 »).

Une autre pièce rare, mais isolée parmi d’autres est la Kaisermarsch de 1871, enregistrée le 10 septembre 1995 au Kunsthaus de Lucerne par le Blasorchester Stadtmusik Luzern dirigé par Franz Schaffner. Elle voisine avec des compositions actuelles de Benz (1971), Jenny (1980), Balissat (1994), et Planzer (1995). C’est évidemment une question de goût et de choix… (Gallo n° CD -885 -66’21 »).

Autre curiosité : sur les 78’35 » d’un récital, isoler les 2’27 » de Dors mon Enfant composition sur un texte français d’auteur inconnu, interprété par la soprano Nadia Pelle accompagnée par l’Orchestre l Musici de Montreal dirigé par Yuli Turovsky puisqu’il s’agit d’arrangements orchestraux réalisés par Peter Jaffe. L’enregistrement, qui date d’août 1993, regroupe des berceuses de 23 compositeurs différents dont Bizet, Moussorgski, Schumann, Schubert, Grieg. Haydn, Tchaïkovski, Wolf, Brahms. Weber, Dvorak… pour ne citer que les plus célèbres. Il y en a pour tous les goûts et cela s’appelle Lullabies (Chandos Chan9304-78’35 »).

Encore une fantaisie : Ein Sommernachtstraum par le « Symphonie Brass Bayreuth ». Avec ce nom, impossible ou inexcusable de ne pas le citer -Cet ensemble dirigé par Andreas Kraft, naquit en 1988 lors des Rencontres Internationales des Jugendfestspieltreffen de Bayreuth. Les Ouvertures des Meistersinger et de Rienzi nous sont proposées dans un arrangement de Jürgen Pfiester, à côté d’œuvres de Mendelssohn, Brahms et Debussy (OPUS n° 7081-2, -57’40 »).

Un document remarquable baptisé « Grands Chanteurs Wagnériens » et qui constitue une précieuse anthologie des grands, inoubliables et irremplacés interprètes des années ’50 et ’60. Josef Greindl dans 8 extraits de : Holländer, Tannhäuser. Meistersinger, Parsifal, Walküre et Götterdämmerung. Quoique non précisé sur la pochette, l’extrait de la Walküre permet d’entendre également les voix de Wolfgang Windgassen et de Maria Müller. Astrid Varnay dans la scène Finale du Götterdämmerung, les Wesendonck-Lieder (avec Orchestre) et Mort d’Isolde, Wolfgang Windgassen dans les Murmures de la Forêt de Siegfried, Jess Thomas dans 8 extraits de : Rienzi, Lohengrin, Meistersinger, Das Rheingold, Walküre et Parsifal. Accompagnement par divers orchestres dirigés par de grands noms. Les gravures d’origine s’étendent de 1952 à 1963. Document de très haute qualité, tant artistique que technique, que nous recommandons vivement (DG-457021 -2 -2CD -74’45 » et 75’11 »).

Le trolsleme, et donc avant-dernier, volet du Ring de Vienne (1948/1949) sous la direction de Rudolf Moralt vient de paraître. Excellente distribution dominée par le superbe Siegfried de Günther Treptow, le Wanderer, également préféré de Furtwangler, Ferdinand Frantz, la remarquable Erda de Rosette Anday et la « nouvelle » Brünnhilde qui fit sensation : Gertrude Grob Prandl. Si, comme pour la Walküre, quelques légers et peu nombreux parasites de captation sont parfois audibles, il s’agit cependant d’un précieux document (MYTO, 3CO. n° 3MCD 972.155 -3hres 53’10 »).

Un enregistrement remarquable et tout récent (les séances de captation datent des 8 et 10 décembre 1996 et 2 janvier 1997) vient de sortir sous le titre alléchant de « Waltraud Meier sings Wagner ». Accompagnée par l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise dirigé par Lorin Maazel, notre Isolde actuelle de Bayreuth nous offre un vaste panorama de l’oeuvre wagnérienne : Ballade de Senta, Entrée d’Elisabeth, Rêve d’Elsa, Imprécations d’Isolde, Récit de Sieglinde, Récit de Waltraute et Immolation de Brünnhilde-(un cas peu fréquent de pouvoir entendre la même Artiste dans ces deux rôles sur un même CD,..) et scène de Kundry extraite du IIème Acte de Parsifal. Un récital qui se doit d’être présent dans toute discothèque wagnérienne, (RCA, lCO N° O9Q26,68766 2, 72’11 »).

Georges Roodthooft, première parution dans la Revue du Cercle belge Richard Wagner de septembre 1997.