Dans la précieuse et très intéressante collection : « Live Bayerische Staatsoper » d’Orfeo, vient de sortir une intégrale inédite des Meistersinger, enregistrée sur le vif le 11 septembre 1955. La prise de son et la qualité technique sont excellentes. Le côté artistique est également de grande qualité. On en jugera par les quelques noms principaux qui suivent: Hans Sachs: Ferdinand Frantz (le Wotan préféré de Furtwangler), Veit Pogner : Gottlob Frick (qui sera notamment Hunding et Hagen à Bayreuth de 1960 à 1964, Pogner en 1957 et Fasolt en 1964), Beckmesser : Heinrich Pflanzl (qui tint ce rôle à Bayreuth en 1951 et 1952), Walther: Hans Hopf (également titulaire du rôle à Bayreuth en 1951 et 1952, outre de nombreuses autres prestations), Eva: Lisa Della Casa (idem en 1952), Magdalene : Hertha Tôpper (Fricka. Flosshilde, 3ème Nome, Siegrune, Ecuyer et Fille-Fleur en 1951,1952 et 1960), David: l’inoubliable Paul Kuen (Mime de 1951 à 1957). Cette énumération n’est ni limitative ni exhaustive. Les Chœurs et l’Orchestre de l’Opéra de Bavière sont magnifiquement dirigés par Hans Knappertsbusch. Ce document ne s’adresse pas uniquement aux collectionneurs. tant ses qualités sont séduisantes et nettement supérieures à celles de certains enregistrements récents.
ORFEO D’OR. 4CD, 4 hres 25’26 », n° C 462 974 L
Une autre intégrale, mais beaucoup plus récente, de Die \Valküre, qui, quoique enregistrée en novembre 1992 (1), vient seulement de sortir sur le marché. Elle fait suite au Rheingold dont nous avons parlé précédemment. Mais le second Ring de Decca semble avoir des difficultés et sa continuation est remise en question, faute de trouver un Siegfried valable… Contentons-nous donc de ce que nous avons, surtout que c’est pour en dire beaucoup de bien. Poul Elmmg est aussi bon en Siegmund, enregistré, que sur le vif à Bayreuth, c’est tout dire. Alessandra Marc campe une Sieglinde très bonne, Alfred Muff n’est peut-être pas le Hunding idéal, quant à Robert Hale, il incarne un Wotan remarquable, de même que Gabriele Schnaut est une merveilleuse Brünnhilde. Gabriele Schnaut incarnera probablement le personnage à Bayreuth, lors du prochain Ring de l’an 2000, après y avoir déjà interprété divers grands rôles où elle faisait une très forte Impression. Retrouver Anja Silja en mezzo, dans sa belle interprétation de Fricka est une agréable surprise.. Cette année, elle chantait d’aIlleurs Herodias à Londres, trente ans après avoir été une inoubliable Salomé. L’ensemble des Walkyries est homogène et l’orchestre de Cleveland est très bien dirigé par Christoph von Dohnanyi, l’époux d’Anja Silja. Très bonne version de cette première journée du Ring.
DECCA, 4CD, 3 hres 45’07 », n° 440371-2.
Enregistré les 19 et 20 février 1992, vient de sortir le 3ème volume d’extraits d’oeuvres wagnériennes, interprétés par la soprano Alessandra Marc (pour 3 fragments) et l’Orchestre Symphonique de Seattle dirigé par Gerard Schwarz : Murmures de la Forêt, de Siegfried, Adieux de Wotan et Incantation du Feu, de la Walküre (version orchestrale), l’Ouverture de Faust, le Rêve d’Elsa, de Lohengrin, Préludes Actes 1 et 3 de Tristan, Avertissement de Brangane et Mort d’Isolde. Il est intéressant d’entendre ici la soliste dans les deux rôles féminins de Tristan. Allesandra Marc fit ses débuts en 1987 au Festival de Wexford, après avoir créé au Festival de WaterÏoo (U.S.A.) la première américaine de Das Liebesverbot en 1983, sous la direction du même Chef.
DELOS, lCD, 69’28 », n° DE 3120
Une curiosité intitulée : « Wagner Opera for Orchestra », regroupe la Chevauchée des Walkyries, les Adieux de Wotan et l’Incantation du Feu (en version abrégée: 10’25 » 1) l’Ouverture des Meistersinger, Prélude et Mort d’Isolde, exécutés par le National Opera Orchestra dirigé par Paul Freernan en 1994. Pour débutants pressés…
FANFARE RECORDS, lCD, 42’16 », n° CDS 3673
Un autre document, beaucoup plus intéressant, provenant de la collection privée de Evelyn Lear et de son mari Thomas Stewart, est constitué d’extraits captés en 1970 et 1972 sans nom d’Orchestre ni de Chef. Récit et Air du Hollandais, Entrée d’Elisabeth et Romance à l’Etoile, Rêve d’Elsa et Final de la Walküre. De Richard Strauss: deux duos d’Arabella et deux Lieder de l’Op. 33. De beaux souvenirs pour ceux qui ont eu l’occasion d’admirer ces deux grands Artistes.
VAl AUDIO, lCD, 72’46 », n° VAIA 1011
Chacun sait que le grand Chef d’Orchestre roumain Sergiu Celibidache, décédé il y a un an, était un « ennemi » des enregistrements, la Musique étant pour lui : « un renouvellement permanent et une exécution qui ne doit s’entendre qu’une fois dans un contexte donné.1l Il y a indubitablement du vrai dans cette conception, mais si elle était généralisée, nous serions privés de nos précieux documents. Aussi, suis-je heureux de présenter deux CD sortis récemment. Avec le Münchner Philharmoniker, dont il était le Directeur, nous possédons les Ouvertures des Meistersinger, Tannhauser, Prélude et Mort d’Isolde, Enchantement du Vendredi-Saint, de Parsifal, superbe exécution très claire datant de 1983.
ARTISTS LIVE RECORDINGS, lCD, 61’07 », n° FED 026
Par le même Orchestre et le même Chef, voici une excellente version des Wesendonck Lieder avec la soprano Vera Baniewicz, captée en 1983. En complément, si je puis dire, c’est l’Orchestre Symphonique de la Süd Deutsche Rundfunk, dirigé par ce Chef remarquable, qui nous donne une fort belle version de la 6e Symphonie, la Pastorale, de Beethoven, datant de 1974.
ARTISTS LIVE RECORDINGS, lCO, 70’01 », n° FED 050
Nous ne disposons pas de tellement d’enregistrements de la Kaisermarsch pour ne pas signaler, noyée parmi d’autres, cette oeuvre enregistrée en 1987 par l’Orchestre Radio-Symphonique de Berlin, dirigé par Caspar Richter. Très belle interprétation sur ce CD double où on trouvera également, avec des Orchestres et des Chefs divers, des extraits de Beethoven, Mendelssohn, Tchaikovsky, Elgar, Berlioz, Respighi, Verdi. Sousa, Prokofiev, Meyerbeer, J. Strauss etc.. sous le titre « Einzug der Gladiatoren » !
EMI, 2CD, 57’49 » et 45’25 », CZS 7 67546 2.
Voici une nouvelle Siegfried Idyll, enregistrée le 3 juillet 1994 par le Kammerensemble (sic) de Paris, dirigé par Armin Jordan, dans sa version pour 13 instruments, telle qu’elle fut conçue à l’origine. S’y ajoutent deux magnifiques sextuors : celui qui ouvre Capriccio de R. Strauss et celui qui constitue l’Op. 4 de Schoenberg: Verklärte Nacht. Il s’agit donc là d’un document intéressant à plus d’un titre.
GALLO, lCD, 57’22 », n° CD-827
Une nouveauté de dernière minute: un récital de Kiri Te Kanawa, avec l’Orchestre Philharmonia dirigé par Julius Rudel, dans des Airs d’Opéras Allemands: Prière d’Elisabeth et Entrée du 2ème acte de Tannhauser, air d’Eva au 3ème acte des Meistersinger : Sachs, mein Freund, Air de Sieglinde au 1er acte de la Walküre.
‘Outre ces 4 extraits wagnériens, on trouve aussi 2 airs d’Agathe, du Freischütz, celui de Pamina au 2ème acte de la Zauberflôte, 3 extraits superbes de R. Strauss dans Ariadne, Die Âgyptische Helena et Daphne, et le final du 1er acte de Die tote Stadt, mais sans ténor. Le tout enregistré en 1996/1997. Dans le. domaine wagnérien, on imagine mieux cette belle Artiste dans les rôles de Fille-Fleur et du Waldvogel que dans les précités où la concurrence est sérieuse…
EMI, CD, 57’1111 , n° 7243 5 56417 2 4
Déjà parue en marque pirate, VOICI la version officiellement rééditée du Fliegende Hollander, enregistrée à Bayreuth en 1955, sous la direction magistrale de Joseph Keilberth. La distribution est digne de ces Années d’Or dont nous conservons la nostalgie : le sombre et profond Daland de Ludwig Weber. l’éblouissante Senta d’Astrid .Varnay, l’Erik, souvent sacrifié mais ici remarquable, de Rudolf Lustig, la Mary imposante d’Elisabeth Schartel, le Pilote plein d’expression et de vitalité de Josef Traxel et l’inoubliable et ascétique Hollandais d’Hermann Uhde, un des meilleurs de Bayreuth. Bref, un enregistrement de très -grande valeur.
TELDEC, 2CD, 2 hres 20’23 », n° 4509-97491-2
Georges Roodthooft
Cette chronique est parue pour la première fois dans le numéro 4/97 (n°2) du Cercle .