Le chef ressemble à un fantôme : en 1976, les caméras de contrôle des théâtres avaient encore une qualité d’image sommaire. Mais qu’importe, l’important n’est pas là. Malgré cela, la magie opère. Regardez comment Carlos Kleiber dirigeait Catarina Ligendza en Isolde et surtout l’Orchestre du Festival de Bayreuth  dans le final de l’acte III de Tristan und Isolde. Tout est surveillé de près, la dynamique surtout mais aussi le legato et le phrasé. Kleiber est debouit, assis, à genoux, dans l’ombre ou la lumière, ses gestes sont tantôt nerveux, tantôt ample : tout à un sens pour obtenir ce moment de grâce de l’orchestre. En un mot, comme en cent un Liebestod pour l’éternité.